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Before yesterdayLe Numéro Zéro

Une cantine pour cantiner #24

14 January 2025 at 00:20

La cantine sera en solidarité à 10 personnes incarcérées à Nador (Maroc), accusées à tort de trafic d'êtres humains.

Les personnes en mouvement sont souvent arrêtées et emprisonnées, accusées de conduire les bateaux qui les conduisent vers l'Europe.
Elles sont accusés d'être des « passeurs », souvent sans avoir accès a une assistance légale, à leurs droits de base, ou toute forme de soutien.
Au Maroc, la loi n° 27-14 relative à la lutte contre la traite des êtres humains a été adoptée en octobre 2018. Depuis la promulgation de cette loi, plusieurs migrants ont été arrêtés et accusés à tort d'être des trafiquants d'êtres humains, des capitaines de bateaux et aide-capitaine .
La seule faute qu'ont commis ces personnes c'est de vouloir exercer leur droit à la liberté de circulation en franchissant la frontière vers l'europe.
La criminalisation des personnes migrantes est particulièrement marquée à Nador et ses environs, où les autorités peuvent arrêter des groupes de personnes et accuser certaines d'entre elles d'être des trafiquants.
En 2018, la durée de détention pour ces accusations est passée de quelques mois à des peines allant jusqu'à 10 ans de prison.
Le changement des lois s'est fait sous la pression de l'union européenne.
Des activistes migrants basés à Nador ont fait appel à des avocats et des organisations de défense des droits de l'homme pour aider ces personnes accusées à tort.
Actuellement, ils sont au nombre de 12.
80% d'entre eux ont donné de fausses informations sur leurs noms, ce qui complique encore davantage la possibilité pour leurs familles de leur rendre visite ou de les soutenir. Un des détenus a déjà pu être libéré grâce à l'intervention de Maître Mbark, et nous espérons obtenir un soutien similaire pour les autres.
Dans l'attente de pouvoir financer des procédures judiciaires, des camarades se mobilisent pour rendre visite aux détenus et leur apporter du soutien et de l'argent pour cantiner.
Le système des visas et de la guerre qui s'effectue aux frontières, notamment de l'europe nous rappel que la liberté de circulation est un privilège dont tout le monde ne bénéficie pas.
Cette cantine pour cantiner du 19 janvier, sera en solidarité à 10 personnes incarcérées à Nador, accusées à tort de trafic d'être humain.
Si vous souhaitez aussi contribuer aux frais de procédures pour les libérer vous pouvez venir nous voir pendant la cantine.
Et pour aller + loin sur la criminalisation des personnes en mouvement, vous pouvez aussi consulter la page internet du réseau « Captain support ». }

Le repas est vegan et prix libre, à la Tablée au 15 rue Robert à Sainté.

Menu éthiopien : salade de pommes de terre / ragoût de betterave / sauce de lentilles corail / sauce aux épinards / sauce aux pois chiches / chou sauté / fèves / crêpes mille trous ET en dessert beignets djiboutiens


En prison, tout coûte cher.
La gamelle est souvent mauvaise, et doit être remplacée ou complétée par les cantines, produits surtaxés par rapport aux prix extérieurs. La télévision, le frigo, sont payants. Les appels téléphoniques sont hors de prix.
Il faut aussi souvent payer les avocats, les amendes, les parties civiles...
Tout ceci pèse très souvent sur les proches, car le travail en prison n'est pas accessible à tout le monde, et les détenu.es sont payé.es des miettes, pour le plus grand plaisir des entreprises qui les exploitent.
Il faut en plus ajouter le prix des déplacements au parloirs, et parfois de l'hébergement pour les personnes qui viennent de loin.
Pour toutes ces raisons, nous proposons une fois par mois une cantine en soutien, pour alléger la charge financière qui pèse sur des proches de détenu.es.

Manifestation pour une mobilisation commune aux luttes climatique, antifasciste et de soutien à la Palestine

14 January 2025 at 00:19

Les événements historiques se succèdent et cela nous terrifie.

Mayotte, Kanaky, violences policières, Gaza, Valencia, violences de genre, licenciements en cascade, Mercosur, déni de démocratie, retour de Trump au pouvoir, etc.

Comment réagir ? Comment résister et lutter ? Nous avons une proposition : nous mobiliser dans les rues de toute l'Europe, en rassemblant des luttes qui, jusqu'à présent, ont été séparées les unes des autres.
Retrouvons nous ce samedi 18 janvier à 14h devant la gare du clapier.

Le retour du fascisme nous met tou.te.s sur le sentier de la guerre civile, nationale, régionale et peut-être mondiale. Ce retour est alimenté par l'absence de réponses des gouvernements aux crises de notre temps - sociale, politique, économique, climatique. Les nouveaux partis d'extrême droite refusent de s'attaquer aux causes réelles de ces crises et les remplacent par les vieilles haines de nos sociétés : la haine contre les personnes de couleur, de langue, d'orientation sexuelle et de religion différentes. Ils disent de haïr quelqu'un d'autre, de détourner le regard de la réalité et n'offrent qu'un retour au passé. Ils nous poussent à la guerre contre nos voisins, contre notre planète et finalement contre nous-mêmes.

Les guerres tuent des milliers de personnes chaque jour dans le monde. Qu'il s'agisse du génocide en Palestine, de l'invasion de l'Ukraine, des conflits au Congo et au Sud-Soudan, tous répondent à l'avidité des élites pour l'accès aux ressources : terre, eau, minéraux, combustibles fossiles ou autres. Tous ces conflits engendrent d'horribles souffrances humaines et des traumatismes sociaux. Tous alimentent et sont alimentés par la montée du fascisme. Tous aggravent les crises climatiques et environnementales. Ces guerres sont le rejet de toute forme de justice, elles recherchent un retour au passé, partagé par l'extrême droite, un passé de colonies et d'empires, effaçant tout ce que nous aurions pu avancer au cours des dernières décennies.

La crise climatique crée une nouvelle planète. Elle la rend plus chaude, plus humide et plus sèche, plus dangereuse et de plus en plus difficile à vivre. Nous n'en sommes qu'au début, et chaque fois que la température augmente, de nouveaux territoires deviennent inhabitables. Les cultures dont nous dépendons sont en danger. L'eau dont nous avons besoin pour boire et nous rafraîchir s'épuise. Les gouvernements et les entreprises réagissent à cette situation en augmentant les prix, ce qui leur permet de réaliser des bénéfices records et d'aggraver le coût de la vie. Pour eux, c'est l'occasion de gagner plus d'argent en profitant de la crise. Pourtant, les émissions qui en sont la cause ne cessent d'augmenter, et elles n'ont jamais été aussi élevées. Il n'y a pas de transition, pas d'économie verte, seulement plus d'argent gagné par les entreprises qui ont créé cette crise.

Il est inutile de fermer les yeux. C'est le monde dans lequel nous vivons et le moment de l'histoire où nous sommes en vie. On ne peut pas arrêter le fascisme sans arrêter la guerre. On ne peut pas arrêter le fascisme sans arrêter le chaos climatique en démantelant l'industrie fossile. Le chaos climatique ne peut être arrêté dans un contexte de fascisme et de guerres. On ne peut pas arrêter les guerres sans arrêter la montée du fascisme et du chaos climatique, qui crée les conditions pour de nouveaux conflits chaque jour. Ces dernières années, nous avons assisté à des manifestations, grandes et petites, radicales et discrètes, sur toutes ces questions. Elles étaient déconnectées les unes des autres, comme si les événements qui se produisaient n'avaient rien à voir les uns avec les autres. Il s'agit de différentes facettes de la même crise.

Nous devons regarder l'avenir avec les yeux ouverts. Les peuples du monde sont au bord de l'effondrement et les élites ne pensent qu'à la manière de faire du profit, de réprimer les gens ordinaires et de déclencher de nouvelles guerres pour étendre leur pouvoir déjà énorme. Elles nous poussent à bout. Nous devons les repousser. Ensemble. Ne restez pas seuls.

C'est le sens de l'appel « The surge » qui verra l'organisation de manifestations dans une dizaine de villes d'Europe le 18 & 19 janvier prochain. Nous pensons qu'il est nécessaire de répondre à cet appel. Le bilan humain à Mayotte nous prouve le prix à payer si nous ne faisons rien. La répression du mouvement pour la Palestine, ou des luttes contre les mégabassines, des Gilets Jaunes, ou contre la réforme des retraites nous prouvent que la classe des plus riches n'est plus disposée à faire le moindre compromis. Il faut donc l'écarter du pouvoir. C'est la condition préalable à toute politique pour améliorer réellement les vies du plus grand nombre.

Pour se faire, il faut coordonner nos luttes au sein de nos pays, mais surtout coordonner les luttes entre les pays. Car si la classe possédante sait briser nos mobilisations dans un seul pays, elle ne sait pas encore comment faire si tous les ports d'Europe, toutes les raffineries, et tous les entrepôts Amazon sont bloqués.

Voilà pourquoi nous vous invitons à nous rejoindre afin d'enclencher l'émergence d'une mobilisation et d'une coordination de toutes les luttes au niveau européen.

Samedi 18 janvier, retrouvons-nous à 14h devant la gare du Clapier pour lancer la première d'une longue série de clameurs à plusieurs voix contre le fascisme, le chaos climatique et la guerre ! Les yeux ouverts ! Avançons ensemble !
Venez nombreuXes faire entendre et confronter vos idées et montrer que nos voix comptent !

La machine à découdre les fachos

14 January 2025 at 00:17

Tous les 2e dimanche du mois sur le 89.5 de Radio Dio et en rediffusion sur radiodio.org, c'est la machine à découdre. On fait des trucs et on rencontre des gens le samedi, on fait du montage le dimanche et, à 19h pile, on vous raconte tout ça.

C'est la teuf a sainté et dans toute la fRance ! Fasciste, tortionnaire de la guerre d'Algérie, antisémite notoire et président émérite du front national, Jean-Marie Le Pen, l'atroce personnage, nous a quitté tardivement à 96 ans.
Parce qu'une occasion comme celle-là ça se présente pas tous les jours, et que malgré la mort du vieux, ses idées demeurent bien vivantes, on vous a concocté une émission spéciale fascisme et antifascisme à Saint-Étienne.
On est allé au weekend antifasciste organisé par le comité antifa de sainté. Plusieurs tables rondes s'y sont déroulées sur ces questions : « lutter à l'échelle locale », « éducation et extrême droite » et « l'extrême droite et les médias, la bataille n'est pas perdue ». On a aussi mangé de la galette des rois à l'église et on s'est baladé-es dans la ville avec deux antifas pour discuter tags de fachos.
On vous raconte tout ça dans une émission plus décousue que jamais. On test un nouveau concept à l'image des feux d'artifices, une explosion de sons désordonnés, attention, accrochez-vous, ça part dans tous les sens.
- - -
Une émission réalisée en janvier 2025, avec :
le comité antifa de Sainté, le collectif antifasciste La Horde, 1 éducateur spécialisé, des militants de l'éducation populaire, une directrice d'amicale laïque, les Brigades de Solidarité de Sainté, le groupe antifasciste l'Offensive-Lille, le maire de la Ricamarie, Félicien Faury, sociologue, auteur du livre « des électeurs ordinaires », Monira Moon, militante antiraciste et syndicaliste, street press,
membre de street press, Acrimed, Lumi et Usul.

WEEK-END PALESTINE - Nos voix pour l'espoir

13 January 2025 at 16:00

Les 1er et 2 février aura lieu à Sainté un week-end de solidarité avec la Palestine.
Projection, rencontres, repas, initiation au Dabké, etc. Parce que la résistance c'est aussi de montrer le beau et la vie !

Considérations sur la Manufacture d'armes de Saint-Etienne, parfois appelée Cité du design

12 January 2025 at 06:39

Ce texte se base, parfois à la limite du plagiat, sur la brochure éditée par Saint-Étienne ville d'art et d'histoire intitulée Manufacture-Cité du design [1] qui regorge d'informations. Cependant, quelques omissions et une absence de perspective critique ont donné l'envie à des antimilitaristes de compléter le travail. Depuis les mouvements ouvriers du début du siècle dernier jusqu'aux récentes malversations et disparitions d'argent, en passant par le conflit de 2004, ce lieu a toujours été l'objet de tensions (un euphémisme lorsqu'il s'agit très concrètement, de fabriquer la guerre) mais aussi de secrets.
Nous réalisons ce premier jet pour saisir l'occasion d'une conférence intitulée L'architecture, une arme coloniale, afin d'introduire, comme par effraction, depuis sa censure par l'Ecole du design, quelques aspects stéphano-stéphanois de la critique des armes. Cette première mouture en appelle d'autres, mieux formulées, plus documentées. Puisque le temps fait son ouvrage d'oubli, ce sont aux luttes d'hier et d'aujourd'hui d'entretenir les mémoires. Gageons que les esprits antimilitaristes s'affûteront contre les grès qui jadis aiguisèrent les baïonnettes.

I Saint-Étienne, Armeville

L'abondance de houille, pour les forges ; de grès, pour les meules ; et de cours d'eau, pour la force motrice, fait très tôt de la ville de Saint-Étienne une ville réputée pour sa fabrication d'armes. On y fabrique d'abord des hallebardes, des épées et des arbalètes au XIVe siècle ; puis en 1669 on recense 50 canonniers et 600 armuriers. Au XVIIe siècle, l'armurerie devient ainsi une des activités essentielles de Saint-Étienne.

En 1764, la royauté envoie M. de Montbéliard, officier supérieur du Corps royal de l'artillerie, pour réorganiser la production des armes de guerre. Il propose aux neuf entrepreneurs stéphanois, jusque là en concurrence, de se réunir en une société à laquelle le roi accorde son monopole. La Manufacture royale est née et équipe l'armée française selon une organisation nouvelle : un entrepreneur unique, des ouvriers immatriculés, une fabrication surveillée par un inspecteur et des contrôleurs. Mais les fabrications de la Manufacture royale restent très dispersées tant qu'il n'y a pas un lieu unique de production.

Cent ans plus tard, en 1864, sur l'ancien champ de manœuvres des troupes, commencent les travaux de la Manufacture Impériale d'Armes. Les artisans armuriers, auparavant dispersés dans Saint-Étienne, laissent la place aux ouvriers spécialisés, la production « se modernise au service de l'innovation ». Derrière ces mots de bureaucrate il faut entendre que la nouvelle organisation industrielle du travail, permet l'augmentation des cadences par la standardisation, le contrôle et la perte d'autonomie des artisans bref, leur prolétarisation.
Une révolution, deux empires, deux républiques et quelques rois sont passés par là mais la dynamique reste la même : il faut fabriquer des armes, et toujours plus ! La première fabrication de ce nouvel établissement sera le fusil Chassepot dont l'État demande une production de plus en plus importante d'autant que les tensions avec la Prusse grandissent. Il faut préparer la prochaine guerre !

Une guerre de perdue, une insurrection écrasée dans le sang, une IIIe République qui naît et, avec, un nouveau fusil, le Lebel, pour la prochaine guerre, que les manuchards vont produire à vitesse grand V, jusqu'à 1550 par jour en 1891 ! C'est que la guerre d'après approche (encore).

II S'il s'agit de défendre

Au début du XXe siècle, le milieu ouvrier était plutôt remuant, et on doit entre autres au redoutable Clemenceau, surnommé le Tigre, d'avoir envoyé à maintes reprises les troupes tirer sur les manifestant.es.
A la veille de la grande boucherie, une grande part du mouvement ouvrier sentait bien qu'elle allait servir de chair à canon [2].

En témoigne par exemple la motion de la CGT du 18 octobre 1912 :

LES TRAVAILLEURS N'ONT PAS DE PATRIE ! Qu'en conséquence, toute guerre n'est qu'un attentat contre la classe ouvrière, qu'elle est un moyen sanglant et terrible de diversion à ses revendications.
Le Congrès déclare qu'en cas de guerre entre puissances, les travailleurs doivent répondre à la déclaration de guerre par une déclaration de grève générale révolutionnaire.

Quelques mois plus tard, la CGT fera volte face et en viendra à appeler à « défendre la patrie contre l'agresseur ». Mais jusque là, qu'ont défendu les armes produites à Saint-Étienne ?

Depuis 1764, la fabrication d'armes a servi :
- aux royaumes et leurs guerres
- à la Compagnie des Indes et à la « traite des Noirs » [3]
- aux empires et leurs guerres
- à défendre, certes mais surtout, à écraser la Commune de Paris
- à réprimer la grande révolte kanak de 1878 (les sources militaires parlent du fameux fusil Chassepot utilisé contre les insurgé.es [4])
- à réprimer les grèves ouvrières
- à la 1re Guerre Mondiale : 18 millions de morts dont la moitié de « civil.es ». (Rappelons que les 9 millions de dénommés « militaires » qui ont péri sont pour la plupart des pays, des conscrits, c'est à dire des civils enrôlés de force par le service militaire. En France, il durait 3 ans à l'époque)

De tous ces usages différents, on constate que ce sont toujours les pauvres qui payent le plus lourd tribut de la fabrication d'armes, que ça soit par la simple exploitation salariale ou parce qu'ils et elles se trouvaient bien souvent du mauvais côté du fusil.

III Fabriquer des armes ou devenir une cible ?

On l'a vu, les armes servent le pouvoir. Durant la 1re guerre mondiale, malgré la propagande et les fréquents passages d'Albert Thomas dans les usines pour haranguer les employé.es [5], de nombreux ouvrier.es avaient compris qu'ils et elles travaillaient à la mort d'autres prolétaires. L'agitation était telle que la police et l'administration militaire surveillaient étroitement les « meneurs », quitte à les renvoyer régulièrement au front [6].
La seconde guerre mondiale, elle, éclaire la Manufacture d'Armes d'une autre manière. En une phrase la brochure éditée par la ville nous rappelle qu'un objet technique contient en lui-même tous ses usages :.

La Manufacture conserve un statut stratégique pendant l'Occupation et travaille pour l'armée allemande.

Lorsqu'on parle d'une telle production d'armes, on imagine l'ampleur du statut stratégique de ces établissements pour l'armée nazie. Comme chacun sait, De Gaulle nous a sauvé.es [7] de l'aigle à la croix gammée, avec l'aide des États-Unis. Cette aide, les stéphanois.es s'en rappellent bien puisque localement, le 26 mai 1944, l'aviation américaine décide de bombarder les sites stratégiques du Sud-Est de la France (principalement les gares et voies ferrées de Nice, Grenoble, Chambery, Lyon, Saint-Étienne). Des 440 tonnes de bombes explosives, incendiaires et surtout amies qui déferlèrent sur Saint-Étienne ce jour-là, on estime que 9 sur 10 n'ont pas atteint leur cible. Ce bombardement fera près de 1000 morts et plus de 20 000 sinistré.es stéphanoises.
De cette catastrophe, nous tirons deux enseignements. Premièrement et comme nous le rappelions plus haut, une bombe, explose en tuant, de manière indiscriminée, et ce qu'elle soit amie ou ennemie. Deuxièmement, avoisiner un établissement au « statut stratégique » n'est pas sans danger, puisque on l'a vu, le stratège peut changer de bord, mais aussi parce que l'on devient soi-même une cible pour la partie d'en face. Se défendre disions-nous ?

IV Desi(g)ndustrialisation

Passée la seconde guerre mondiale, vient le temps de « l'après guerre » c'est à dire celui des guerres coloniales (Indochine, Algérie, Madagascar,…) et de la guerre froide. Après la chute de l'empire soviétique, les commandes d'armes diminuent et le site de la Manufacture est moins « stratégique » [8], il comptera néanmoins parmi ses œuvres le fameux FAMAS (Fusil d'assaut de la manufacture d'armes de Saint-Étienne) qui a équipé les armées françaises de 1979 à 2012. En dehors du FAMAS, la Manufacture va diversifier ses productions (défense chimique et nucléaire, tourelles, équipement de blindés) puis devenir une des entités du GIAT (Groupement des industriels de l'armée de terre) qui fermera en 2001 et laissera la place aux archives de l'armée jusqu'en 2010.
Par la suite, tout ce beau monde déménage vers d'autres horizons laissant la place à la Cité du design, nouvel avatar d'une ville qui n'en a que faire. Il fut tout naturel pour les édiles d'utiliser l'espace laissé par l'industrie de l'armement pour leur nouveau marketing urbain, le design, dont l'origine, selon eux, se trouve à Saint-Étienne. Ce serait même Honoré Blanc, un des dirigeants de la Manufacture royale d'armes qui, au XVIIIe siècle, en mettant en place un nouveau processus de fabrication pour le fusil "Modèle 1777", composé de pièces standardisées et interchangeables pourrait être vu comme le père fondateur du design. Fierté !

V Du kaki derrière la vitrine

Les bureaucrates, au sujet de ce nouvel espace, parleront de « moteur de dynamisme pour le redéploiement économique » ou de « moteur d'une nouvelle urbanité », on se doute bien que l'idée c'est principalement de virer les pauvres et d'essayer d'attirer la fameuse « classe créative ». D'où les efforts en ce moment autour de la Biennale du design 2025 dont l'image, a été quelque peu ternie par les divers scandales de détournement de fonds et de suppression de poste [9]. Il ne faudrait pas non plus, pour la jolie histoire du design que l'on se rende compte que les treillis et leur barda n'ont pas vraiment disparus. On trouve toujours sur le site l'entreprise KNDS (le nouveau nom de Nexter), une des plus grosses boites d'armement française, avec ses deux filiales OptSys et NBCSys. L'entreprise HEF, qui travaille sur les traitement de surface, notamment des avions Rafale, a ses laboratoires rue Salvador Dali. Quant au Pôle universitaire qui jouxte la Cité, le Pôle Optique et Vision, il est tout simplement le « fruit d'une coopération entre l'université Jean Monnet et l'entreprise Thales-Angénieux ». Rapide rappel, Thales est aussi un « fleuron de l'industrie d'armement française », on compte parmi ses clients, l'armée ukrainienne, mais aussi l'armée russe (!) et l'armée israélienne [10]. On n'est pas surpris de retrouver donc, juste à côté, le laboratoire Hubert Curien dont les projets de thèses sont régulièrement financés par la Direction générale de l'armement, Thales, ou d'autres boites mortifères. Enfin, toujours au sein de la Cité du design, le restau-solidaire « La Fabuleuse Cantine » est une création d'un start-upeur qui a eu la bonne idée il y a quelques années d'essayer de vendre des micros à la ville de Saint-Étienne pour qu'elle les installe dans les rues. Un actionnaire de cette boite ? Verney-Carron ! Une entreprise locale qu'on ne présente plus [11], elle est juste de l'autre côté du boulevard Adolphe Thiers.

Cet inventaire est certainement loin d'être exhaustif, il appelle de nouvelles recherches, mais il est suffisant pour affirmer que oui, l'immonde kaki est toujours là. Une preuve supplémentaire : c'est aussi à la Cité du design que le préfet de la Loire et le gouverneur militaire de Lyon ont invité 140 patrons de l'industrie de l'armement, le 26 janvier 2024, pour une conférence intitulée : Économie de guerre : base industrielle et technologique de défense et esprit de défense.

VI Et ailleurs ?

Cette contre-visite de la Manufacture met l'accent sur le potentiel mortifère encore présent sur place. Cependant, il ne doit pas laisser penser que c'est la seule tanière des marchands de canons et leurs sbires. En réalité, on observe qu'ils se promènent et s'installent un peu partout. Quelques pistes :

- la Chambre de commerce et d'industrie de Lyon-StEtienne-Roanne est directement impliquée dans la création du cluster Eden, lobby d'industriels de l'armement de la région créé pour « chasser en meute à l'export », sur demande de la DGA visant à « mieux connaître sa Base Industrielle et Technique de Défense » [12].
- c'est aussi la CCI qui possède le Banc national d'épreuve, situé à Saint-Étienne, la seule structure en France habilitée à tester des armes légères et les munitions civiles et militaires (jusqu'au calibre militaire OTAN de 25 mm), à assurer leur destruction et à tester les matériaux de protection de tous types (blindages ,...). AMEFO, filiale de Plasan, boite israélienne, y teste ses blindages.
- Thales est présente à Saint-Héand, Safran à Roche-la-Molière, ...
- Rivolier, à Saint-Just-Saint-Rambert, se vante de détenir 60 % du marché des équipements des polices municipales françaises.
- le Délégué Général de la fondation UJM est un ex-directeur des opérations au sein de l'État major des Armées en Afrique et au Liban.
- l'École des Mines bénéficie, via la fondation Mines Telecom, des subsides de gros vendeurs d'armes ou de puces à double usage français (MBDA, Airbus, Dassault, ST Microelectronics)
- et les bidasses de la Maison de l'armée mangent tous les midis au resto U de Tréfilerie, à l'aise Blaise !

Localement, les industriels et les services de l'État organisent la production d'armes, donc les guerres et les massacres. Ne les laissons pas faire leurs profits sur notre dos ! Leurs guerres, nos morts ! A bas toutes les guerres et les marchands de canons !

plan de la manufacture

brochure page par page

brochure version carnet recto-verso bord court


[1] trouvable à l'office du tourisme ou ici

[2] A ce sujet : Guillaume Davranche, Trop jeunes pour mourir, ouvriers et révolutionnaires face à la guerre (1909-1914), L'insomniaque&Libertalia.

[5] Ministre « socialiste » de l'Armement pendant la guerre, il est connu pour ses harangues fréquentes en direction du prolétariat, dont celle du Creusot en 1916 par exemple : « La victoire plane là au-dessus de nous, dans la fumée qui remplit cette vallée. C'est sur vous, camarades, que nous comptons pour la saisir. C'est votre tâche de travailler jusqu'à en tomber, jusqu'à la mort. »

[6] On s'intéressera à l'histoire du militant Clovis Andrieu.

[7] L'État célèbre chaque année la date du 8 mai 1945 comme jour de la défaite nazie, mais ne rappelle pas le massacre de Sétif en Algérie, le même jour.

[8] Puisque la France met plutôt le paquet sur la bombe atomique et est occupée à la tester sur ses colonies

[9] A ce sujet, on écoutera ce podcast de l'émission Des mots des sons sans cible, ça vaut le détour !

[10] Pour en savoir plus, consulter le site de l'Observatoire des armements

[11] Elle a inventé et vendu, notamment à la police et à l'armée, les désormais célèbres Flashball.

Action pour la cause animale : Manifestation devant Jardiland pour que le magasin cesse de vendre des pièges à colle

15 January 2025 at 11:26

Le 18 janvier 2025, PAZ manifestera devant le Jardiland de Saint-Priest-en-Jarez pour demander au magasin d'arrêter de vendre des pièges à colle.

Nous tiendrons des panneaux, distribuerons des tracts et ferons des discours au mégaphone. Rejoignez-nous !

Les pièges à colle sont des plaques de colle visant à attraper des rongeurs. Les animaux piégés agonisent des heures voire des jours englués sur la plaque, avant de mourir de faim, de soif ou d'épuisement. Certains se déchirent la peau, rongent leurs propres membres ou se brisent les os en essayant de se décoller. Les yeux et muqueuses des animaux peuvent être pris dans la colle, entraînant une mort lente par étouffement. En Belgique, au Pays de Galles, en Islande, en Espagne et en Angleterre, il est interdit d'utiliser ces produits. En Irlande, en Ecosse et en Nouvelle-Zélande, leur vente est interdite et dans plusieurs États indiens il est même interdit d'en fabriquer ! La France est, encore une fois, à la traîne puisqu'il n'existe aucune législation sur ce sujet.

En attendant qu'une loi soit adoptée en France, nous nous adressons aux grandes enseignes. Un certain nombre se sont engagées à ne plus vendre ces produits horribles : Botanic, Franprix, Bricorama, Leroy Merlin... Pas Jardiland !

Plus d'infos sur notre campagne : https://zoopolis.fr/nos-campagnes/cohabitons-avec-les-animaux-liminaires/stop-aux-pieges-a-colle/

Soirée en soutien aux familles de l'école Chappe

6 January 2025 at 10:39

Le comité de soutien Chappe est une association qui héberge 5 familles dont les enfants sont scolarisé.es au sein de l'école publique des frères Chappe, au crêt de roc.

Il y a quelques mois, les finances du comité étaient au plus bas. Nous avons eu très peur de devoir annoncer aux familles hébergées qu'on ne pouvait plus les aider.

Avant ça, et parce qu'il était hors de question qu'elles se retrouvent à la rue, nous avons lancé un appel aux dons : nous cherchions 70 personnes qui donnent chacune 10 euros (ou plus). Et ça a plutôt bien fonctionné. Nous n'avons pas encore atteint notre objectif mais nous sommes sorti.es de l'urgence.

Pour fêter cette première victoire, et aussi pour continuer à renflouer les caisses, nous organisons une soirée, vendredi 10 janvier, à la Cale.

Au programme :
19h Péronèle - (alias Djamila Zeghbab) Chants d'hier et d'aujourd'hui- Orgue de Barbarie
19h30 Repas
20h30 Tirage de la tombola
A partir de 21h Concerts
Les Ebarioles - chorale stéphanoise de chants polyphoniques... qui donne le tournis
Kalakutas - Orchestre Magique d'Afro-beat
DJ Professeur Guy Villeupe - Hip Hop, Funk et autres Grooveries !

A vendredi

comitedesoutienchappe chez gmail.com

Les grèves insurrectionnelles de passementier.e.s à Saint-Étienne (1848 et 1900)

3 January 2025 at 23:30

Au sein du mouvement ouvrier stéphanois, les passementiers et les ouvriers du textile n'occupent pas le devant de la scène. Les premiers rôles sont plutôt tenus par les mineurs et les métallurgistes, souvent en première ligne des luttes ouvrières et impliqués dans des violences d'ampleur et de nature diverses. Si l'image de la ville rouge colle à Saint-Étienne, c'est donc bien plus à ses mineurs et à ses « métallo » qu'elle le doit qu'à des ouvriers du textile à la réputation beaucoup moins bagarreuse.

Deux grèves en décalage avec la norme par leur violence

Pourtant, dans l'histoire du mouvement ouvrier textile, on rencontre deux exceptions à ce calme apparent : 1848 et 1900. Nous allons tenter ici d'en comprendre les raisons.

Tout d'abord, rappelons les faits. En 1848, les émeutes des 13 et 14 avril voient le saccage de plusieurs couvents (notamment les couvents de la Reine et de la Providence, ainsi que d'autres en ville et aux alentours). Ces couvents abritaient des métiers à tisser sur lesquels travaillaient des orphelines. Cette concurrence, jugée déloyale par les passementiers, fut à l'origine de la mise à sac des couvents (métiers brûlés, mobilier, linge, livres et provisions pillés ou détruits) ainsi que de plusieurs morts. Ce déchaînement de violence fut d'autant plus facile que les religieuses n'étaient pas en mesure de se défendre, et que les forces de l'ordre n'opposèrent guère de résistance aux émeutiers.

En 1900, l'émeute du 4 janvier constitue le point culminant d'une grève générale des passementiers (et des mineurs) ; débutée en décembre 1899 sur le motif de revendications salariales (la question du paiement de la mise en train, et d'autre part l'éternelle question d'un Tarif des façons s'imposant à toute la Fabrique), elle ne devait s'achever qu'en février 1900. Là aussi, pendant quelques heures, on assiste à des scènes d'émeute dans le centre ville : tramway renversé, becs de gaz brisés, incendie du kiosque de la place Marengo. La violence s'exerce dans l'espace public : les émeutiers s'en prennent surtout au mobilier urbain, et cherchent l'affrontement avec les forces de l'ordre (du reste, les dix blessés de cette nuit d'émeute sont tous du côté de la police). Au-delà de l'émeute, on note des formes d'expression inhabituelles : défilés dans les rues, chants révolutionnaires, drapeau rouge…

Hormis ces deux poussées de fièvre, on compte de nombreux conflits du travail et grèves au sein du textile stéphanois : des conflits entre chefs d'atelier passementiers et fabricants de ruban (notamment une importante grève des veloutiers en 1865) ; ou des grèves dans les usines textiles (Giron 1885, Brossy 1896, Courbon 1899…). Les enjeux en sont, dans la plupart des cas, des questions de salaires ou de conditions de travail ; mais ces conflits se déroulent dans un calme relatif, autour de formes d'action qui n'excluent pas totalement la violence, mais une violence beaucoup plus limitée dans le temps et dans l'espace : manifestations des grévistes aux portes des usines ; mise à l'index des fabricants par les chefs d'atelier (pour obtenir un tarif plus avantageux sur un nouvel article par exemple) ; représailles contre les chefs d'atelier supposés travailler à des conditions inacceptables (bris des vitres des ateliers) ; donc une « violence » ponctuelle, restreinte à la profession, qui ne déborde pas dans l'espace public.

La norme dans le mouvement ouvrier textile est bien du côté de la modération : les passementiers, artisans, propriétaires de leur outil de travail, et souvent de leur maison, sont gens « raisonnables », que l'on peut classer (en simplifiant) parmi les partisans de l'ordre social et politique, et les bien-pensants sur le plan religieux. Il en va de même pour les ouvriers des usines textiles (dont une majorité d'ouvrières) : l'encadrement, et le contrôle social et patronal y garantissent la discipline. On aurait du mal à trouver parmi eux de dangereux révolutionnaires.

La violence de 1848 et de 1900 est ainsi en décalage avec cette norme : elle est perçue comme telle par les contemporains des événements comme par la mémoire collective de la profession, qui voient dans ces épisodes des dérapages indignes des passementiers « dont la réputation est celle d'ouvriers sérieux, dignes, modèles », selon les termes d'un tract anonyme de janvier 1900, probablement d'origine patronale. Cela les amène à chaud à émettre des hypothèses pour comprendre pourquoi les passementiers ont pu se livrer à de tels excès ; hypothèses que l'historien peut reprendre et soumettre à la critique, en les complétant par ses propres interprétations.

Des passementiers victimes des débordements

La première de ces hypothèses est que les vrais responsables des violences ne sont pas les passementiers, mais des voyous : « une poignée de gens sans aveu » d'après la proclamation du conseil municipal du 19 avril 1848 ; « des individus louches », selon Victor Gay dans le journal La Liberté du 8 janvier 1900 ; des voyous qui ont profité d'une situation confuse pour se livrer au pillage et à la destruction. Cette interprétation est en partie confirmée par les sources : en 1848, sur les 134 individus arrêtés dont on connaît la profession (sur un total de 250), on ne compte que 36 passementiers ; les autres sont tous des ouvriers (ce qui ne signifie qu'ils soient tous des voyous !), mais ils ne sont en effet pas issus du textile. De même, en 1900, on ne compte que trois passementiers sur les 34 personnes interpellées. Ainsi, les passementiers auraient été débordés par une foule déchaînée et incontrôlable. Sans doute… Mais pas plus que dans d'autres manifestations, ouvrières ou non, qui attirent une clientèle désireuse avant tout d'en découdre.

Des contextes politiques nationaux sensibles

La deuxième hypothèse explique les émeutes par le contexte politique national. C'est ce que dit, à la fin de l'année 1848, le maire de Saint-Étienne, Heurtier : « ces tristes événements ont eu lieu au mois d'avril dernier quand le sol retentissait encore de la chute d'un trône ; au milieu du bouleversement des hommes et des choses, des institutions et des lois ; quand une révolution, non seulement politique, mais sociale, avait changé tous les rapports, rompu tous les liens de respect, de soumission et d'obéissance à l'ordre légal depuis longtemps établi ». C'est également l'avis du commissaire spécial après l'émeute de janvier 1900 : « les gourdins qu'on a vus aux mains de tout jeunes gens étaient antisémites et nationalistes, et n'avaient rien de commun avec les passementiers ». Les passementiers auraient fait les frais d'un climat général où les garde-fous habituels de l'ordre ne jouaient plus leur rôle : la situation révolutionnaire en 1848 ; et en 1900 le climat de tensions entre les républicains et leurs adversaires, sur fond d'affaire Dreyfus et de violences des Ligues. On admettra que dans les deux cas, l'environnement était en effet porteur.

Des situations locales particulières

Autre environnement porteur : celui du contexte politique local, qui fournit aux observateurs une troisième hypothèse. On constate dans les deux cas que ces violences coïncident avec un moment-clé de l'histoire politique stéphanoise.

En 1848, au soir même du 14 avril, la municipalité formée en février et conduite par Hippolyte Royet, est remplacée par une autre, toujours dirigée par Royet, mais dont la composition sociologique et les orientations politiques sont singulièrement différentes. D'une part sur le plan social : les anciens notables (fabricants de ruban, à l'exception de Royet, gros négociants, manufacturiers) cèdent la place aux capacités (professions libérales, ingénieurs) ; parmi les nouveaux conseillers, aucun électeur censitaire, sauf Royet. D'autre part sur le plan politique : les orléanistes sont balayés par des républicains, démocrates aux idées avancées, dont la plupart sont membres de la Société Populaire. Cette dernière, et notamment un de ses membres les plus influents, Tristan Duché, également sous-commissaire du gouvernement provisoire chargé de la sécurité, aurait utilisé l'émeute pour s'emparer du pouvoir municipal, et au-delà peser sur les élections à l'Assemblée Constituante. En laissant se développer la violence populaire, tout en la contenant dans certaines limites, Duché donne l'image d'une République garante de l'ordre, mais soucieuse des intérêts des ouvriers, qui peuvent lui faire confiance. Mais les sources ne prouvent rien, et certainement pas que la Société Populaire serait à l'origine de l'émeute.

On retrouve en 1900 un scénario proche de celui de 1848 : quelques semaines après l'émeute de janvier, les élections municipales se soldent par une victoire de la gauche socialiste. C'est Jules Ledin, jeune chef d'atelier de 33 ans, secrétaire du syndicat des passementiers et principal leader de la grève, qui accède au fauteuil de maire, devenant le premier ouvrier maire de Saint-Étienne. Il remplace Chavanon, maire républicain opportuniste, et par ailleurs fabricant de ruban réputé pour mal payer ses passementiers. De quoi accréditer l'idée que la grève, et les violences qui l'ont accompagnée, ont servi de marchepied à la gauche stéphanoise. Or, présenté ainsi, un tel raccourci est inexact : la grève n'a, à l'évidence, pas pour objectif direct la conquête du pouvoir municipal (là encore, les sources sont claires) ; cependant, selon les théories de Jaurès lui-même (présent à Saint-Étienne au moment des faits pour participer à la rédaction d'une sentence arbitrale dans le conflit des mineurs), elle permet aux travailleurs de s'organiser, et constitue un moyen de pression utile dans le rapport de forces avec la Bourgeoisie. Ici, en affaiblissant les notables de la Fabrique, elle a pu contribuer à ce glissement vers la gauche de l'électorat stéphanois ; mais c'est plus la grève que la violence qui est en cause.

Le monde ouvrier du textile en mutation

À ces hypothèses, qui comportent toutes leur part de vérité, nous pouvons en ajouter une dernière, sans puiser cette fois dans l'arsenal de « bonnes raisons » avancées par les contemporains des faits pour expliquer ces deux épisodes de violence. Pour tenter de les comprendre, il nous semble qu'il faut s'aventurer hors du terrain strictement politique, pour risquer un éclairage socio-économique.

Ces deux accès de violence coïncident avec des moments de crise économique ; mais surtout avec des étapes importantes de l'histoire sociale de la rubanerie. 1848 représente le moment où la Fabrique se ferme, et où les possibilités d'installation des chefs d'atelier comme fabricant de ruban se restreignent. Sans perspective d'ascension sociale, les passementiers aligneraient alors leurs comportements sur ceux du prolétariat ouvrier. Quant à 1900, on sait que la grève a été déclenchée par les compagnons sur la question du paiement de la mise en train ; leur syndicat, la Ligue pour le relèvement des salaires, y a tenu le premier rôle, alors que les syndicats plus anciens rassemblant les chefs d'ateliers sont restés en retrait. Cette position offensive des compagnons est une sorte de baroud d'honneur d'une profession condamnée à plus ou moins court terme : en effet, les relations chefs d'atelier / fabricants sont de plus en plus des relations d'employeurs à employés, où le compagnon n'a plus sa place. D'où à la fois, la salarisation des chefs d'atelier, et la disparition des compagnons.

La violence se trouve donc exacerbée dans ces époques de transition où la structure sociale et économique de la Fabrique se trouve ébranlée dans ses fondements. A contrario, dans un cadre socio-professionnel plus stable, c'est-à-dire la Fabrique quand elle fonctionne bien, ou l'usine avec des liens hiérarchiques clairs, on n'enregistre pas de dérapage de cet ordre.

La violence reste l'exception mais contribue à l'image de la ville rouge

À l'évidence, la violence n'apparaît pas comme faisant partie de la « culture » passementière. Elle est l'exception, qui survient dans un contexte bien particulier, à la croisée de multiples éléments favorables à son surgissement. Mais quand elle survient, elle contribue à conforter l'image de Saint-Étienne ville rouge : quantitativement d'abord, en allongeant la liste des émeutes populaires ou ouvrières ; qualitativement ensuite, et plus encore, en faisant la démonstration que, dans cette ville, même les ouvriers les plus paisibles peuvent se transformer en hordes déchaînées. Ainsi, entre réalités et représentations, les épisodes de 1848 et 1900 peuvent nous permettre de saisir un peu mieux la nature et les spécificités du mouvement ouvrier local.

Brigitte CARRIER-REYNAUD, maître de conférences en histoire contemporaine,
université Jean-Monnet, IERP

Revue de presse antimilitariste #6 (début 2025)

3 January 2025 at 12:49
Les etres ont cedé, perdu la bagarre,
les choses ont gagné, c'est leur territoire

JJ Goldman

Passées les gueules de bois rituelles consacrées à fêter la hausse du prix des timbres remettons-nous tranquillement dans les actualités du monde tel qu'il va. Des missiles, des avions, des gros sous, des écoles d'ingenieurs, le monde regorge d'outils toujours plus innovants pour jouer à la guerre. Ce jeu morbide dans lequel les peuples sont toujours perdants et où les Etats sont systématiquement vainqueurs par chaos.

Coup d'éclat à l'Optique Graduate School !

Le vendredi 13 décembre 2024, une ingénieure déchire son diplome en pleine cérémonie. Elle explique son geste par la participation de son école à l'industrie de l'armement mais aussi plus largement par le rôle de la recherche scientifique dans l'armement du monde.
Son billet sur Mediapart est éloquent.
La recherche scientifique sert l'industrie de l'armement : voilà pourquoi je déchire mon diplôme

Cet acte courageux est d'autant plus interessant pour nous parce qu'ici, à Sainté, on a le Pole Optique et Vision qui est directement lié à l'Optique Graduate School.
Un exemple qui illustre parfaitement la dynamique générale.
Un étudiant de l'OGS qui, lui, n'a pas déchiré son diplome est venu faire sa thèse à l'Institut d'Optique de Sainté, au laboratoire Hubert Curien, avec comme financeurs la Direction Generale de l'Armement et Thales Optronics.
Sa thèse :

Conception et réalisation de caméras plénoptiques pour l'apport d'une vision 3D à un imageur infrarouge mono plan focal

On y voit de sympathiques avions militaires de reconnaissance Airbus, Atlantic 2 par exemple, ornés de caméras.

Cet exemple est loin d'être le seul, ces labos regorgent de financements de la part de l'Armée et de boites mortifères !

On s'attend donc à ce que l'appel de cette etudiante « arretons d'être le problème », fasse un gros echo chez les etudiant.es de Sainté et qu'une épidémie de desertion se répande dans les labos et universités stéphanoises. Chouette, on va ouvrir plein de parcelles maraichères ! A commencer pourquoi pas, par l'horrible pelouse d'Eden.

Même si la presse bourgeoise n'en parle pas, l'initiative individuelle de cette étudiante est loin d'être isolée et d'autres, plus collectives essaient de se faire entendre. C'est le cas à Grenoble, où des étudiant.es et personnels écrivent une lettre à la présidence de l'Université Grenoble Alpes pour exiger plus de transparence vis-à-vis des financements industriels et l'arret des collaborations avec des entreprises mortifères, impliquées dans des guerres.

Dans la même veine, il y a aussi l'initiative acadamia « on veut voir les contrats ».
Acadamia milite pour la transparence et pour l'accès aux informations et documents administratifs permettant de comprendre le fonctionnement des secteurs de la culture, de l'enseignement supérieur et de la recherche et des institutions qui les composent.

Et à Sainté ?

Autant de sources d'inspiration pour des mobilisations stéphanoises contre le militarisme, l'armement, les guerres et les génocides.
Quelques rappels :
- le Délégué Général de la fondation UJM est un ex-directeur des opérations au sein de l'Etat major des Armées en Afrique et au Liban.
- la Cité du Design a accueilli le 26 janvier dernier 140 industriels de l'armement pour une conférence intitulée :« Economie de guerre, base industrielle et technologique de défense et esprit de défense »
- le Pole Optique et Vision a été crée par Thales, son laboratoire le laboratoire Hubert Curien est directement impliqué dans des thèses pour Thales, Safran, Airbus, la DGA, le CEA.
- L'Ecole des Mines beneficie, via la fondation Mines Telecom, des subsides de gros vendeurs d'armes ou de puces à double usage francais (MBDA, Airbus, Dassault, ST Micro electronics)
- La région stéphanoise ne manque pas de marchands de canons (Verney-Carron, Safran, Thales, HEF Groupe, Nexter-KNDS, le Banc National d'Epreuves, Rivolier...)

Que l'on choisisse de déserter ou d'y rester pour lutter, cela fait autant de points d'accroche à la critique antimilitariste.

Une conférence à l'école d'architecture

Pour commencer on note cette conférence, le 9 janvier 2025, à l'Ecole d'architecture de Sainté :

L'Architecture, une arme coloniale en Palestine : conférence de Léopold Lambert reprogrammée suite à la censure

Les interdits c'est aussi bien que l'anarchie
sujet du bac philo proposé par Eddy Mitchell

La Finlande bientot minée

Si Eddy Mitchell aime bien les interdits pour les contourner, la Finlande, elle, décide de les supprimer.
On avait déjà parlé de la Lituanie qui a ré-autorisé l'usage des bombes à sous-munitions. C'est au tour de la Finlande et peut-etre de l'Estonie de faire du retournage de veste au sujet cette fois, des mines antipersonnel. Les personnes de plus de 30 ans se souviennent des images terribles d'enfants estropiés par les mines antipersonnel disséminées dans toute l'Europe de l'Est. Alors que les pays signataires de la convention d'Ottawa s'engageaient à détruire leurs stocks, les nationalistes et cathos finlandais ont lancé une initiative citoyenne pour réclamer le retour de ces engins diaboliques. Au Parlement, seuls deux partis s'opposent à cette initiative, on leur répond, comme d'habitude que leur usage a toujours été « strictement controlé » et qu'elles seront destinées à un usage « purement défensif », ben voyons !

Économie

Le Monde nous apprend que, sans surprise, « l'industrie des armes continue de prospérer sur les crises » :

« Où qu'on tourne son regard, on trouve peu de régions du monde épargnées par une guerre ouverte, un conflit gelé ou des tensions inquiétantes. La production d'armement ne s'en est jamais aussi bien portée depuis la guerre froide. »

En 2023, le chiffre d'affaires des 100 premiers groupes de défense aurait progressé de 4,2 %, nous apprend le journal, pour atteindre 632 milliards de dollars (environ 600 milliards d'euros). Si on compare à 2015, la tendance à la hausse serait de 19 %. Une partie de ces milliards, « difficile à comptabiliser » aurait été (selon un rapport récent de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, Sipri) consacrée à « la modernisation des forces nucléaires ».

Mais le marché de l'armement reste concurrentiel, et ce sont encore les États-Unis, ces salauds, qui tirent le mieux leur épingle de ce jeu.

« À elles seules, 41 sociétés établies aux Etats-Unis ont totalisé la moitié de l'activité (317 milliards de dollars). Cinq d'entre elles caracolent en tête du classement avec un total de 194 milliards de dollars : Lockheed Martin, RTX, Northrop Grumman, Boeing et General Dynamics. »

Aye aye aye, « Armement : l'industrie européenne à la traîne du reste du monde », titre donc le Figaro, qui déplore que les ventes des 27 industriels européens de l'armement n'ont progressé que de 0,2 % pendant la même période. C'est une honte, pire, une « quasi-stagnation » !

Et au Monde de détailler :

« Les 27 groupes européens retenus affichent 133 milliards de dollars de chiffre d'affaires[...]. Avec deux poids lourds : le Royaume-Uni (47,7 milliards), tiré par BAE Systems, sixième producteur mondial ; et la France (25,5 milliards) avec ses cinq entreprises (le commissariat à l'énergie atomique, Dassault Aviation, Naval Group, Safran, Thales). […] Suivent l'Italie (15,2 milliards) et l'Allemagne (10,5 milliards) en pleine relance avec les canons, les chars Leopard 2 et les munitions de Rheinmetall. Quant aux « transeuropéens » Airbus, MBDA (missilier) et KNDS (canons, blindés), ils ont produit pour 21 milliards de dollars (− 1,5 %). »

Apparemment, toujours selon Le Monde, « Le recul des Tricolores de 8,5 % par rapport à 2022 tient au fait que cette année-là avait été dopée par la commande de 92 Rafale. » Et maintenant que tous les acheteurs les ont déjà acheté, on ne sait plus à qui vendre. Et merde !

On a du mal à le croire, mais l'industrie française de la mort … flippe de mourir ! C'est en tout cas ce que nous apprend, sur le portail IE (intelligence économique), l'article « L'industrie de la défense au risque du darwinisme économique ». Il retrace une « rencontre informelle » organisée le 18 mai (ça date) par l'Institut Choiseul sur le thème de « La révolution des industries de Défense ». Ce raout réunissant « industriels, chercheurs ou représentants de l'État » a dressé « un panorama peu réjouissant ». À l'horizon 2020-2030, l'industrie de l'armement française rentrerait en crise qui pourrait pour elle s'avérer « mortelle » selon les plus pessimistes. En cause : le décalage entre l'offre (« de plus en plus pléthorique ») et la demande globale (« réduite », puisque les pays émergents auront d'ici là acheté tout ce qu'ils peuvent, rattrapant leur retard en termes d'équipement). Les budgets de la défense risquent de baisser « sans surprise stratégique majeure » (traduction : guerre mondiale ?), à cause de « l'équilibrage » avec les « dépenses en matière sociale » (tu savais qu'être au RSA, c'était lutter contre la guerre ?). Quant à l'offre, le marché sera encore plus concurrentiel qu'aujourd'hui, puisque les pays émergents ne font pas qu'acheter, ils « bâtissent [aussi] des secteurs industriels compétitifs ».

S'ils peuvent sans doute se réjouir d'une perspective de « surprise stratégique majeure » de type escalade des guerres (presque mondiales) en cours, nos experts concluent surtout sur le besoin pour l'État de se doter d'une stratégie digne de ce nom dans le domaine. C'est, disent-ils, plus simple qu'ailleurs dans ce « secteur régalien », même si cela pourrait rentrer « en contradiction avec certaines habitudes. La survie de certains est pourtant à ce prix : être en rupture avec les systèmes de pensée et d'agir actuels ». Voilà, si des industriels font leur beurre sur la vente d'engins de mort, c'est simplement pour leur survie. On n'est pas loin d'un « légitime défense » !
La conclusion de nos experts : « Avoir une stratégie ou mourir »

S'il y a des atermoiements qui réclament plus de moyens et d'attentions gouvernementales, il n'empeche que plusieurs boites s'en sortent manifestement très bien.

Coincidence morbide

Le lundi 25 novembre 2024, le Progres publie un article sur l'entreprise Rivolier intitulé : Gilets, chausures, armes ... Rivolier équipe les forces de l'ordre et l'armée.
L'entreprise de Saint-Just-Saint-Rambert se porte très bien puisqu'elle vient de racheter MD Tech, une petite entreprise d'Andrézieux Bouthéon spécialisée dans le materiel utilisé par la police scientifique. MD Tech rejoint donc la division Sécurité-Défense de Rivolier, qui pèse pour 40% de son chiffre d'affaires.

Le lendemain, un policier municipal de Saint-Étienne tue un homme en pleine rue. L'article de la veille rapellait d'ailleurs que Rivolier revendique 60% du marché des policiers municipaux, dont Saint-Étienne pour qui le dernier appel d'offre dépassait le million d'euros.
Un argument de vente de Rivolier : « pour amateurs de petit et gros gibier ».

Quelques brèves

Ca plane pour Airbus

Le ministère des Armées prévoit de notifier à Airbus, d'ici fin 2024, un contrat de levée de risques pour le programme d'avions de patrouille maritime (Patmar). Ce programme vise à remplacer les 18 Atlantique 2 de la Marine nationale après 2030. Airbus propose une version militarisée de l'A321XLR, l'A321PMA, sélectionnée par le ministère pour ses capacités d'emport supérieures, malgré la concurrence du Falcon 10X de Dassault Aviation. La Marine nationale envisage de commander plus de dix appareils, avec une mise en service de trois exemplaires prévue à l'horizon 2035.

Ca roule pour Michelin

Environ 40 millions d'euros de pneus de la marque française ont été vendus à Moscou depuis la mise en place de l'embargo après l'invasion de l'Ukraine en 2022, selon une analyse du renseignement ukrainien obtenue par Mediapart. Michelin dément tout lien commercial avec la Russie.

Les marchands de canons français s'installent en Ukraine

Le GICAT a inauguré un bureau à Kiev le 11 décembre 2024, renforçant son engagement envers l'Ukraine. Ce bureau facilitera les partenariats franco-ukrainiens, soutiendra les entreprises françaises et contribuera à la reconstruction. Un accord signé avec FEU Defence marque cette collaboration, soutenue par les autorités françaises et ukrainiennes.

Ne laissons pas les choses gagner, ne collaborons pas avec les vendeurs de mort !

Vive la vie ! Vive l'anarchie !

Sur tous les fronts : grand week-end antifasciste !

3 January 2025 at 10:12

Ensemble, luttons contre l'extrême droite sous toutes ses formes.
Deux jours de tables rondes, rencontres et débats pour s'organiser, comprendre et agir face à la montée du fascisme. Samedi 11 et dimanche 12 janvier à Saint-Étienne.

SAMEDI 11 JANVIER À L'AMICALE DU CRÊT-DE-ROCH DIMANCHE 12 JANVIER AU MÉLIÈS SAINT-FRANÇOIS

Permanence LGBTQIA+ et/ou en questionnement de...

3 January 2025 at 09:40

Permanence LGBTQIA+ et/ou en questionnement de La Grande Bulle Tendre ce lundi 6/01/25 à l'amicale laïque de Tardy, 86 rue vaillant couturier à Saint Etienne, de 17h30 à 20h

Au programme : moments conviviaux, point agenda, infokiosque, matériel de réduction des risques, ta participation et ce que tu as envie de faire vivre à cette perm !

Les causeries libertaires

3 January 2025 at 09:38

Problématique de l'eau et situation climatique

Les médias ont beaucoup évoqué la sécheresse qui sévit dans les Pyrénées-Orientales, mais souvent n'importe comment. Pour comprendre la situation climatique et la problématique de l'eau, il faut répondre à quelques questions : cette sécheresse est-elle vraiment exceptionnelle ? Où se situe le « manque d'eau » ? Les besoins (agricoles, urbains) sont-ils vraiment adaptés ? Y a-t-il un rapport avec la multiplication des incendies dans le département ?

Les réponses s'appuieront sur une recherche hors pair effectuée par un géographe de Perpignan.

les causerie libertaires, exceptionnellement le lundi 6 janvier à 20h au remue-méninges à saint-étienne.

Rencontres Antispécistes

1 January 2025 at 16:47

Ces moments sont là pour rencontrer d'autres personnes autour de la question du spécisme en sirotant une boisson chaude. C'est l'occasion d'approfondir ensemble des réflexions, de s'auto-former, et aussi de trouver chez les autres de l'enthousiasme pour concevoir des actions militantes.

Que vous soyez de résolu.es militant.es ou des personnes encore
« en questionnement » vous êtes les bienvenu.es.

Toujours dans un esprit intersectionnel ! ! !

Ce rdv est mensuel, tous les deuxièmes vendredi du mois au remue, n'hésitez pas à apporter des livres / revues / références qui vous inspirent ou vous posent question.

Je hais le nouvel an

30 December 2024 at 23:30

Chaque matin, à me réveiller encore sous la voûte céleste, je sens que c'est pour moi la nouvelle année. C'est pourquoi je hais ces nouvel an à échéance fixe qui font de la vie et de l'esprit humain une entreprise commerciale avec ses entrées et sorties en bonne et due forme, son bilan et son budget pour l'exercice à venir. Ils font perdre le sens de la continuité de la vie et de l'esprit.

On finit par croire sérieusement que d'une année à l'autre existe une solution de continuité et que commence une nouvelle histoire, on fait des résolutions et l'on regrette ses erreurs etc. etc. C'est un travers des dates en général. On dit que la chronologie est l'ossature de l'Histoire ; on peut l'admettre. Mais il faut admettre aussi qu'il y a quatre ou cinq dates fondamentales que toute personne bien élevée conserve fichée dans un coin de son cerveau et qui ont joué de vilains tours à l'Histoire. Elles aussi sont des nouvel an. Le nouvel an de l'Histoire romaine, ou du Moyen Âge, ou de l'Époque moderne. Et elles sont devenues tellement envahissantes et fossilisantes que nous nous surprenons nous-mêmes à penser quelquefois que la vie en Italie a commencé en 752, et que 1490 ou 1492 sont comme des montagnes que l'humanité a franchies d'un seul coup en se retrouvant dans un nouveau monde, en entrant dans une nouvelle vie.

Ainsi la date devient un obstacle, un parapet qui empêche de voir que l'histoire continue de se dérouler avec la même ligne fondamentale et inchangée, sans arrêts brusques, comme lorsque au cinéma la pellicule se déchire et laisse place à un intervalle de lumière éblouissante. Voilà pourquoi je déteste le nouvel an. Je veux que chaque matin soit pour moi une année nouvelle. Chaque jour je veux faire les comptes avec moi-même, et me renouveler chaque jour. Aucun jour prévu pour le repos. Les pauses je les choisis moi-même, quand je me sens ivre de vie intense et que je veux faire un plongeon dans l'animalité pour en retirer une vigueur nouvelle. Pas de ronds-de-cuir spirituels. Chaque heure de ma vie je la voudrais neuve, fût-ce en la rattachant à celles déjà parcourues. Pas de jour de jubilation aux rimes obligées collectives, à partager avec des étrangers qui ne m'intéressent pas. Parce qu'ont jubilé les grands-parents de nos grands parents etc., nous devrions nous aussi ressentir le besoin de la jubilation. Tout cela est écœurant.

Antonio Gramsci, 1er janvier 1916 dans l'Avanti !, Traduction d'Olivier Favier.

Publié sur le site de renverse.co

L'Architecture, une arme coloniale en Palestine : conférence de Léopold Lambert reprogrammée suite à la censure

30 December 2024 at 15:42

La conférence intitulée “L'Architecture, une arme coloniale en Palestine”, initialement prévue à l'ESADSE (École Supérieure d'Art et Design de Saint-Étienne) et annulée par le directeur Éric Jourdan, aura finalement lieu le mardi 9 janvier 2024 à 18h à l'ENSASE (École Nationale Supérieure d'Architecture de Saint-Étienne). Cette reprogrammation est le fruit de la mobilisation des étudiant·es des deux écoles, refusant la censure et affirmant leur volonté de préserver cet espace de réflexion critique à l'intérieur de nos écoles.

Contexte
La direction de l'ESADSE a motivé l'annulation par un prétendu “devoir de réserve”. En réponse, Léopold Lambert a publié une lettre ouverte où il dénonce avec force cette décision :

« Ce “devoir de réserve” était sans doute celui d'un réserviste lorsque, le 26 janvier 2024, vous ouvriez vos murs à des marchands d'armes autour de “l'économie de guerre” – dans l'auditorium même où ma conférence devait avoir lieu. […] Vous vous réclamez d'une neutralité illusoire, mais celle-ci n'est ni plus ni moins la cristallisation de l'ordre dominant. »

— Extrait de la Lettre ouverte au directeur de l'École Supérieure d'Art et Design de Saint-Étienne : votre “devoir de réserve” est une censure.
Lire la lettre complète ici

Mobilisation
Face à cette censure, plusieurs actions de soutien ont vu le jour. Des banderoles dénonçant l'annulation et affirmant la solidarité avec le peuple palestinien ont été accrochées à l'ESADSE et à l'ENSASE, mais elles ont été systématiquement retirées par les directions des deux établissements.
Pendant ce temps, à Sciences Po Saint-Étienne, plusieurs étudiant·es ont été sanctionnés pour leur participation à des blocages en soutien à la Palestine. Une dizaine d'entre eux ont été temporairement exclus, avec interdiction d'accès aux salles de cours et aux services du CROUS.

Une inter-organisation entre les différentes écoles de créations à Saint-Étienne , incluant l'ESADSE, l'ENSASE, la Comédie de Saint-Étienne et le département d'Arts Plastiques de l'Université Jean Monnet, a vu le jour. Cette mobilisation a mené à une grande assemblée générale inter-écoles le 21 octobre 2024, organisée à l'ESADSE avec la participation de collectifs tels que BDS Saint-Étienne, Urgence Palestine et l'UJFP. Cette AG a permis d'exprimer un soutien massif à la cause palestinienne et d'appeler à maintenir la pression à travers des actions plurielles, dans les écoles comme dans la rue.

Conférence
Lors de cette conférence, Léopold Lambert abordera comment l'architecture, loin d'être une discipline neutre, agit comme une arme politique au service des régimes de domination, en particulier dans le contexte du colonialisme de peuplement en Palestine.

Architecte de formation, Léopold Lambert est rédacteur en chef de The Funambulist et auteur de plusieurs ouvrages explorant la violence inhérente de l'architecture.

Parmi ses publications :

  • Weaponized Architecture : The Impossibility of Innocence (2012)
  • La politique du Bulldozer : La ruine palestinienne comme projet israélien (2016)
  • États d'urgence, une histoire spatiale du continuum colonial français (2021)

Lien utiles

Ouvert à tous•tes !
Jeudi 9 janvier 2025 à 18h
ENSASE – 1 rue buisson, 42000 Saint-Étienne
Le lien du live sera communiqué prochainement ici.
Graphisme : @aurore_fritsch

Action pour la cause animale : manifestation devant le Mégarama Chavanelle contre un film ayant exploité un ours captif

30 December 2024 at 15:40

Cette action est organisée par l'association PAZ, qui défend les intérêts des animaux.

Parce que les animaux sauvages ne sont pas des acteurs, PAZ organise une manifestation à l'occasion de l'avant-première du film "Un ours dans le Jura » car un ours captif et dressé (Valentin) a été exploité pour le tournage. L'action aura lieu le mardi 31 décembre de 17h15 à 18h15 devant le Mégarama Chavanelle, 1 Rue Etienne Mimard, 42000 Saint-Étienne.

Nous tiendrons des panneaux et sensibiliserons le public en distribuant des tracts. Rejoignez-nous !

Plus d'infos sur notre campagne : https://zoopolis.fr/nos-campagnes/les-animaux-ne-sont-pas-des-jouets/stop-a-lexploitation-des-animaux-sauvages-pour-la-creation-artistique/

Epilogue sur le mouvement anti-mondialisation

27 December 2024 at 23:30

Traduction d'un texte du collectif CrimeThinc qui analyse 22 ans après le blocage de l'OMC à Seattle ce que le mouvement qui a débuté à ce moment-là peut nous apprendre aujourd'hui. Texte publié sur le site dijoncter.info.

Il y a 22 ans aujourd'hui, des anarchistes et d'autres manifestants ont réussi à bloquer et à fermer le sommet de l'Organisation mondiale du commerce à Seattle. C'était le début spectaculaire de ce que les journalistes ont appelé le « mouvement antimondialisation » - en fait, un mouvement mondial contre le capitalisme néolibéral. Au cours des dernières années, nous avons célébré les vingt ans de plusieurs des moments forts de ce mouvement. Aujourd'hui, nous réfléchissons à ses origines et à ce qu'il peut enseigner aux mouvements contemporains.

Dans l'annexe intitulée « Compte à rebours pour la bataille de Seattle - Une chronologie incomplète », nous explorons la portée mondiale du mouvement qui a conduit à la victoire de Seattle.

Lorsque nous pensons au soi-disant mouvement antimondialisation, nous pensons à des manifestations massives lors de sommets. Outre la mobilisation historique contre l'OMC à Seattle, nous nous souvenons de la marche du black bloc contre la réunion ministérielle de la Zone de libre-échange des Amériques à Québec en avril 2001, ou des émeutes au sommet du G8 à Gênes au juillet suivant.

Mais ces sommets n'étaient que des panaches de fumée s'élevant d'un feu. Pour utiliser une métaphore plus précise, il s'agissait de champignons émergeant d'un réseau mycélien. Le réseau lui-même était composé d'une variété d'espaces et de mouvements participatifs anticoloniaux et contre-culturels répartis dans le monde entier : des révoltes indigènes comme celle de l'EZLN au Mexique, des mouvements d'occupation comme le Movimento Sem Terra au Brésil et le réseau des centres sociaux squattés en Europe, des mouvements de travailleurs agricoles du sous-continent indien à la Corée du Sud, des mouvements écologiques comme Earth First !, des syndicats de base comme l'Industrial Workers of the World, des milieux de musique underground bricolés comme les scènes rave et punk.

Dans tous ces contextes, les gens ont pu développer un discours commun sur leur vie, leurs aspirations et leurs problèmes, et surtout, ils ont pu expérimenter des moyens d'utiliser collectivement leur capacité d'agir en dehors des impératifs du capitalisme et de la politique d'État. (Par contraste, les réseaux radicaux actuels basés sur l'Internet fournissent souvent un espace virtuel pour le discours sans offrir un espace physique ou temporel partagé pour une expérimentation collective qui rompt avec la logique des institutions qui restent dominantes dans cette société.) Dans les contextes susmentionnés, les individus ont pu développer leurs idées et établir des relations durables avant d'entrer en confrontation directe avec les forces assemblées de la répression étatique.

« L'enracinement dans des espaces sociaux et culturels de longue date a été essentiel au succès de ces mobilisations, car il a permis aux gens de vivre une évolution politique commune, de tisser des liens et d'innover de nouvelles tactiques et de nouveaux discours. Les punks qui avaient joué dans des groupes ensemble ont intuitivement compris comment former des groupes affinitaires ; les militants écologistes qui avaient coordonné des campagnes dans les bois savaient comment faciliter des réunions impliquant des personnes de plusieurs continents. »

Genoa 2001 : Memories from the Front Lines

Tout cela a eu lieu des années avant les manifestations massives lors de sommets qui ont attiré l'attention des photojournalistes. Pour continuer à employer la métaphore du mycélium, la première étape a été pour les spores individuelles de trouver un sol fertile dans lequel germer. La décentralisation a précédé la convergence. L'étape suivante a consisté pour les scènes et les mouvements individuels à entrer en contact, de la même manière que les spores des champignons, lorsqu'elles germent, envoient des fils fongiques cherchant à se connecter les uns aux autres.

Bien avant que nous ne convergions lors des manifestations pour les sommets, les gens qui couvraient ces différents contextes les ont mis en contact les uns avec les autres, démontrant les vertus de ce que les zapatistes appelaient « Un monde dans lequel plusieurs mondes s'insèrent ». Les vieux anarchistes qui avaient survécu aux récessions et aux dictatures du milieu du 20e siècle sont entrés en contact avec les punks ; les punks se sont rendus au Chiapas et ont rencontré des organisateurs indigènes ; les organisateurs indigènes ont appelé à des journées mondiales d'action ; et le reste appartient à l'histoire.

La suite de cet article à lire sur le site dijoncter.info.

Fascisme, race et capital : ce qu'il faut savoir et attendre de Trump

27 December 2024 at 13:37

ÉMISSION À ÉCOUTER ICI !

Par Sylvie Laurent ET Ugo Palheta

Trump a remporté l'élection présidentielle états-unienne et va revenir au pouvoir. Celui qui avait déjà occupé la fonction présidentielle de l'hyper-puissance états-unienne entre 2016 et 2020, et qui - entre beaucoup d'autres choses - avait alors voulu interdire l'immigration issue de pays musulmans ou tirer sur les manifestations antiracistes contre les crimes policiers. Celui qui a cherché à faire annuler sa défaite électorale de 2020, par diverses manoeuvres illégales et en fomentant une émeute. Celui qui, lors de sa campagne particulièrement extrémiste de 2024, a prétendu que l'immigration « empoisonnait le sang de la nation américaine », ou que les immigrés haïtiens mangeaient les animaux domestiques des bons Américains à Springfield. Comment expliquer ce succès ? Qui a voté pour Trump et pourquoi ? Qu'y a-t-il de commun avec sa précédente victoire de 2016 et qu'est-ce qui a changé entretemps ? Comment inscrire Trump et le trumpisme dans l'histoire des États-Unis, aussi bien celle de l'extrémisation du Parti Républicain lors des 15 dernières années que la longue trajectoire du suprémacisme blanc ? Comment caractériser le trumpisme : fascisme ou non ? Qu'attendre de cette nouvelle expérience de pouvoir et quelles résistances pourront ou sauront émerger ? C'est l'ensemble de ces questions, et quelques autres, que nous abordons dans ce nouvel épisode avec l'historienne Sylvie Laurent, spécialiste des États-Unis et de la question raciale. Elle est l'autrice de nombreux ouvrages, en particulier récemment : « Pauvre petit blanc. Le mythe de la dépossession raciale » (Éd. de la Maison des sciences de l'homme, 2020), et « Capital et race. Histoire d'une hydre moderne » (Éd. du Seuil, 2024). Enregistrement : Thomas Guiffard-Colombeau.

Plus d'infos sur la page de l'émission Minuit dans le siècle.

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