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Considérations sur la Manufacture d'armes de Saint-Etienne, parfois appelée Cité du design

Ce texte se base, parfois à la limite du plagiat, sur la brochure éditée par Saint-Étienne ville d'art et d'histoire intitulée Manufacture-Cité du design [1] qui regorge d'informations. Cependant, quelques omissions et une absence de perspective critique ont donné l'envie à des antimilitaristes de compléter le travail. Depuis les mouvements ouvriers du début du siècle dernier jusqu'aux récentes malversations et disparitions d'argent, en passant par le conflit de 2004, ce lieu a toujours été l'objet de tensions (un euphémisme lorsqu'il s'agit très concrètement, de fabriquer la guerre) mais aussi de secrets.
Nous réalisons ce premier jet pour saisir l'occasion d'une conférence intitulée L'architecture, une arme coloniale, afin d'introduire, comme par effraction, depuis sa censure par l'Ecole du design, quelques aspects stéphano-stéphanois de la critique des armes. Cette première mouture en appelle d'autres, mieux formulées, plus documentées. Puisque le temps fait son ouvrage d'oubli, ce sont aux luttes d'hier et d'aujourd'hui d'entretenir les mémoires. Gageons que les esprits antimilitaristes s'affûteront contre les grès qui jadis aiguisèrent les baïonnettes.

I Saint-Étienne, Armeville

L'abondance de houille, pour les forges ; de grès, pour les meules ; et de cours d'eau, pour la force motrice, fait très tôt de la ville de Saint-Étienne une ville réputée pour sa fabrication d'armes. On y fabrique d'abord des hallebardes, des épées et des arbalètes au XIVe siècle ; puis en 1669 on recense 50 canonniers et 600 armuriers. Au XVIIe siècle, l'armurerie devient ainsi une des activités essentielles de Saint-Étienne.

En 1764, la royauté envoie M. de Montbéliard, officier supérieur du Corps royal de l'artillerie, pour réorganiser la production des armes de guerre. Il propose aux neuf entrepreneurs stéphanois, jusque là en concurrence, de se réunir en une société à laquelle le roi accorde son monopole. La Manufacture royale est née et équipe l'armée française selon une organisation nouvelle : un entrepreneur unique, des ouvriers immatriculés, une fabrication surveillée par un inspecteur et des contrôleurs. Mais les fabrications de la Manufacture royale restent très dispersées tant qu'il n'y a pas un lieu unique de production.

Cent ans plus tard, en 1864, sur l'ancien champ de manœuvres des troupes, commencent les travaux de la Manufacture Impériale d'Armes. Les artisans armuriers, auparavant dispersés dans Saint-Étienne, laissent la place aux ouvriers spécialisés, la production « se modernise au service de l'innovation ». Derrière ces mots de bureaucrate il faut entendre que la nouvelle organisation industrielle du travail, permet l'augmentation des cadences par la standardisation, le contrôle et la perte d'autonomie des artisans bref, leur prolétarisation.
Une révolution, deux empires, deux républiques et quelques rois sont passés par là mais la dynamique reste la même : il faut fabriquer des armes, et toujours plus ! La première fabrication de ce nouvel établissement sera le fusil Chassepot dont l'État demande une production de plus en plus importante d'autant que les tensions avec la Prusse grandissent. Il faut préparer la prochaine guerre !

Une guerre de perdue, une insurrection écrasée dans le sang, une IIIe République qui naît et, avec, un nouveau fusil, le Lebel, pour la prochaine guerre, que les manuchards vont produire à vitesse grand V, jusqu'à 1550 par jour en 1891 ! C'est que la guerre d'après approche (encore).

II S'il s'agit de défendre

Au début du XXe siècle, le milieu ouvrier était plutôt remuant, et on doit entre autres au redoutable Clemenceau, surnommé le Tigre, d'avoir envoyé à maintes reprises les troupes tirer sur les manifestant.es.
A la veille de la grande boucherie, une grande part du mouvement ouvrier sentait bien qu'elle allait servir de chair à canon [2].

En témoigne par exemple la motion de la CGT du 18 octobre 1912 :

LES TRAVAILLEURS N'ONT PAS DE PATRIE ! Qu'en conséquence, toute guerre n'est qu'un attentat contre la classe ouvrière, qu'elle est un moyen sanglant et terrible de diversion à ses revendications.
Le Congrès déclare qu'en cas de guerre entre puissances, les travailleurs doivent répondre à la déclaration de guerre par une déclaration de grève générale révolutionnaire.

Quelques mois plus tard, la CGT fera volte face et en viendra à appeler à « défendre la patrie contre l'agresseur ». Mais jusque là, qu'ont défendu les armes produites à Saint-Étienne ?

Depuis 1764, la fabrication d'armes a servi :
- aux royaumes et leurs guerres
- à la Compagnie des Indes et à la « traite des Noirs » [3]
- aux empires et leurs guerres
- à défendre, certes mais surtout, à écraser la Commune de Paris
- à réprimer la grande révolte kanak de 1878 (les sources militaires parlent du fameux fusil Chassepot utilisé contre les insurgé.es [4])
- à réprimer les grèves ouvrières
- à la 1re Guerre Mondiale : 18 millions de morts dont la moitié de « civil.es ». (Rappelons que les 9 millions de dénommés « militaires » qui ont péri sont pour la plupart des pays, des conscrits, c'est à dire des civils enrôlés de force par le service militaire. En France, il durait 3 ans à l'époque)

De tous ces usages différents, on constate que ce sont toujours les pauvres qui payent le plus lourd tribut de la fabrication d'armes, que ça soit par la simple exploitation salariale ou parce qu'ils et elles se trouvaient bien souvent du mauvais côté du fusil.

III Fabriquer des armes ou devenir une cible ?

On l'a vu, les armes servent le pouvoir. Durant la 1re guerre mondiale, malgré la propagande et les fréquents passages d'Albert Thomas dans les usines pour haranguer les employé.es [5], de nombreux ouvrier.es avaient compris qu'ils et elles travaillaient à la mort d'autres prolétaires. L'agitation était telle que la police et l'administration militaire surveillaient étroitement les « meneurs », quitte à les renvoyer régulièrement au front [6].
La seconde guerre mondiale, elle, éclaire la Manufacture d'Armes d'une autre manière. En une phrase la brochure éditée par la ville nous rappelle qu'un objet technique contient en lui-même tous ses usages :.

La Manufacture conserve un statut stratégique pendant l'Occupation et travaille pour l'armée allemande.

Lorsqu'on parle d'une telle production d'armes, on imagine l'ampleur du statut stratégique de ces établissements pour l'armée nazie. Comme chacun sait, De Gaulle nous a sauvé.es [7] de l'aigle à la croix gammée, avec l'aide des États-Unis. Cette aide, les stéphanois.es s'en rappellent bien puisque localement, le 26 mai 1944, l'aviation américaine décide de bombarder les sites stratégiques du Sud-Est de la France (principalement les gares et voies ferrées de Nice, Grenoble, Chambery, Lyon, Saint-Étienne). Des 440 tonnes de bombes explosives, incendiaires et surtout amies qui déferlèrent sur Saint-Étienne ce jour-là, on estime que 9 sur 10 n'ont pas atteint leur cible. Ce bombardement fera près de 1000 morts et plus de 20 000 sinistré.es stéphanoises.
De cette catastrophe, nous tirons deux enseignements. Premièrement et comme nous le rappelions plus haut, une bombe, explose en tuant, de manière indiscriminée, et ce qu'elle soit amie ou ennemie. Deuxièmement, avoisiner un établissement au « statut stratégique » n'est pas sans danger, puisque on l'a vu, le stratège peut changer de bord, mais aussi parce que l'on devient soi-même une cible pour la partie d'en face. Se défendre disions-nous ?

IV Desi(g)ndustrialisation

Passée la seconde guerre mondiale, vient le temps de « l'après guerre » c'est à dire celui des guerres coloniales (Indochine, Algérie, Madagascar,…) et de la guerre froide. Après la chute de l'empire soviétique, les commandes d'armes diminuent et le site de la Manufacture est moins « stratégique » [8], il comptera néanmoins parmi ses œuvres le fameux FAMAS (Fusil d'assaut de la manufacture d'armes de Saint-Étienne) qui a équipé les armées françaises de 1979 à 2012. En dehors du FAMAS, la Manufacture va diversifier ses productions (défense chimique et nucléaire, tourelles, équipement de blindés) puis devenir une des entités du GIAT (Groupement des industriels de l'armée de terre) qui fermera en 2001 et laissera la place aux archives de l'armée jusqu'en 2010.
Par la suite, tout ce beau monde déménage vers d'autres horizons laissant la place à la Cité du design, nouvel avatar d'une ville qui n'en a que faire. Il fut tout naturel pour les édiles d'utiliser l'espace laissé par l'industrie de l'armement pour leur nouveau marketing urbain, le design, dont l'origine, selon eux, se trouve à Saint-Étienne. Ce serait même Honoré Blanc, un des dirigeants de la Manufacture royale d'armes qui, au XVIIIe siècle, en mettant en place un nouveau processus de fabrication pour le fusil "Modèle 1777", composé de pièces standardisées et interchangeables pourrait être vu comme le père fondateur du design. Fierté !

V Du kaki derrière la vitrine

Les bureaucrates, au sujet de ce nouvel espace, parleront de « moteur de dynamisme pour le redéploiement économique » ou de « moteur d'une nouvelle urbanité », on se doute bien que l'idée c'est principalement de virer les pauvres et d'essayer d'attirer la fameuse « classe créative ». D'où les efforts en ce moment autour de la Biennale du design 2025 dont l'image, a été quelque peu ternie par les divers scandales de détournement de fonds et de suppression de poste [9]. Il ne faudrait pas non plus, pour la jolie histoire du design que l'on se rende compte que les treillis et leur barda n'ont pas vraiment disparus. On trouve toujours sur le site l'entreprise KNDS (le nouveau nom de Nexter), une des plus grosses boites d'armement française, avec ses deux filiales OptSys et NBCSys. L'entreprise HEF, qui travaille sur les traitement de surface, notamment des avions Rafale, a ses laboratoires rue Salvador Dali. Quant au Pôle universitaire qui jouxte la Cité, le Pôle Optique et Vision, il est tout simplement le « fruit d'une coopération entre l'université Jean Monnet et l'entreprise Thales-Angénieux ». Rapide rappel, Thales est aussi un « fleuron de l'industrie d'armement française », on compte parmi ses clients, l'armée ukrainienne, mais aussi l'armée russe (!) et l'armée israélienne [10]. On n'est pas surpris de retrouver donc, juste à côté, le laboratoire Hubert Curien dont les projets de thèses sont régulièrement financés par la Direction générale de l'armement, Thales, ou d'autres boites mortifères. Enfin, toujours au sein de la Cité du design, le restau-solidaire « La Fabuleuse Cantine » est une création d'un start-upeur qui a eu la bonne idée il y a quelques années d'essayer de vendre des micros à la ville de Saint-Étienne pour qu'elle les installe dans les rues. Un actionnaire de cette boite ? Verney-Carron ! Une entreprise locale qu'on ne présente plus [11], elle est juste de l'autre côté du boulevard Adolphe Thiers.

Cet inventaire est certainement loin d'être exhaustif, il appelle de nouvelles recherches, mais il est suffisant pour affirmer que oui, l'immonde kaki est toujours là. Une preuve supplémentaire : c'est aussi à la Cité du design que le préfet de la Loire et le gouverneur militaire de Lyon ont invité 140 patrons de l'industrie de l'armement, le 26 janvier 2024, pour une conférence intitulée : Économie de guerre : base industrielle et technologique de défense et esprit de défense.

VI Et ailleurs ?

Cette contre-visite de la Manufacture met l'accent sur le potentiel mortifère encore présent sur place. Cependant, il ne doit pas laisser penser que c'est la seule tanière des marchands de canons et leurs sbires. En réalité, on observe qu'ils se promènent et s'installent un peu partout. Quelques pistes :

- la Chambre de commerce et d'industrie de Lyon-StEtienne-Roanne est directement impliquée dans la création du cluster Eden, lobby d'industriels de l'armement de la région créé pour « chasser en meute à l'export », sur demande de la DGA visant à « mieux connaître sa Base Industrielle et Technique de Défense » [12].
- c'est aussi la CCI qui possède le Banc national d'épreuve, situé à Saint-Étienne, la seule structure en France habilitée à tester des armes légères et les munitions civiles et militaires (jusqu'au calibre militaire OTAN de 25 mm), à assurer leur destruction et à tester les matériaux de protection de tous types (blindages ,...). AMEFO, filiale de Plasan, boite israélienne, y teste ses blindages.
- Thales est présente à Saint-Héand, Safran à Roche-la-Molière, ...
- Rivolier, à Saint-Just-Saint-Rambert, se vante de détenir 60 % du marché des équipements des polices municipales françaises.
- le Délégué Général de la fondation UJM est un ex-directeur des opérations au sein de l'État major des Armées en Afrique et au Liban.
- l'École des Mines bénéficie, via la fondation Mines Telecom, des subsides de gros vendeurs d'armes ou de puces à double usage français (MBDA, Airbus, Dassault, ST Microelectronics)
- et les bidasses de la Maison de l'armée mangent tous les midis au resto U de Tréfilerie, à l'aise Blaise !

Localement, les industriels et les services de l'État organisent la production d'armes, donc les guerres et les massacres. Ne les laissons pas faire leurs profits sur notre dos ! Leurs guerres, nos morts ! A bas toutes les guerres et les marchands de canons !

plan de la manufacture

brochure page par page

brochure version carnet recto-verso bord court


[1] trouvable à l'office du tourisme ou ici

[2] A ce sujet : Guillaume Davranche, Trop jeunes pour mourir, ouvriers et révolutionnaires face à la guerre (1909-1914), L'insomniaque&Libertalia.

[5] Ministre « socialiste » de l'Armement pendant la guerre, il est connu pour ses harangues fréquentes en direction du prolétariat, dont celle du Creusot en 1916 par exemple : « La victoire plane là au-dessus de nous, dans la fumée qui remplit cette vallée. C'est sur vous, camarades, que nous comptons pour la saisir. C'est votre tâche de travailler jusqu'à en tomber, jusqu'à la mort. »

[6] On s'intéressera à l'histoire du militant Clovis Andrieu.

[7] L'État célèbre chaque année la date du 8 mai 1945 comme jour de la défaite nazie, mais ne rappelle pas le massacre de Sétif en Algérie, le même jour.

[8] Puisque la France met plutôt le paquet sur la bombe atomique et est occupée à la tester sur ses colonies

[9] A ce sujet, on écoutera ce podcast de l'émission Des mots des sons sans cible, ça vaut le détour !

[10] Pour en savoir plus, consulter le site de l'Observatoire des armements

[11] Elle a inventé et vendu, notamment à la police et à l'armée, les désormais célèbres Flashball.

Revue de presse antimilitariste #6 (début 2025)

Les etres ont cedé, perdu la bagarre,
les choses ont gagné, c'est leur territoire

JJ Goldman

Passées les gueules de bois rituelles consacrées à fêter la hausse du prix des timbres remettons-nous tranquillement dans les actualités du monde tel qu'il va. Des missiles, des avions, des gros sous, des écoles d'ingenieurs, le monde regorge d'outils toujours plus innovants pour jouer à la guerre. Ce jeu morbide dans lequel les peuples sont toujours perdants et où les Etats sont systématiquement vainqueurs par chaos.

Coup d'éclat à l'Optique Graduate School !

Le vendredi 13 décembre 2024, une ingénieure déchire son diplome en pleine cérémonie. Elle explique son geste par la participation de son école à l'industrie de l'armement mais aussi plus largement par le rôle de la recherche scientifique dans l'armement du monde.
Son billet sur Mediapart est éloquent.
La recherche scientifique sert l'industrie de l'armement : voilà pourquoi je déchire mon diplôme

Cet acte courageux est d'autant plus interessant pour nous parce qu'ici, à Sainté, on a le Pole Optique et Vision qui est directement lié à l'Optique Graduate School.
Un exemple qui illustre parfaitement la dynamique générale.
Un étudiant de l'OGS qui, lui, n'a pas déchiré son diplome est venu faire sa thèse à l'Institut d'Optique de Sainté, au laboratoire Hubert Curien, avec comme financeurs la Direction Generale de l'Armement et Thales Optronics.
Sa thèse :

Conception et réalisation de caméras plénoptiques pour l'apport d'une vision 3D à un imageur infrarouge mono plan focal

On y voit de sympathiques avions militaires de reconnaissance Airbus, Atlantic 2 par exemple, ornés de caméras.

Cet exemple est loin d'être le seul, ces labos regorgent de financements de la part de l'Armée et de boites mortifères !

On s'attend donc à ce que l'appel de cette etudiante « arretons d'être le problème », fasse un gros echo chez les etudiant.es de Sainté et qu'une épidémie de desertion se répande dans les labos et universités stéphanoises. Chouette, on va ouvrir plein de parcelles maraichères ! A commencer pourquoi pas, par l'horrible pelouse d'Eden.

Même si la presse bourgeoise n'en parle pas, l'initiative individuelle de cette étudiante est loin d'être isolée et d'autres, plus collectives essaient de se faire entendre. C'est le cas à Grenoble, où des étudiant.es et personnels écrivent une lettre à la présidence de l'Université Grenoble Alpes pour exiger plus de transparence vis-à-vis des financements industriels et l'arret des collaborations avec des entreprises mortifères, impliquées dans des guerres.

Dans la même veine, il y a aussi l'initiative acadamia « on veut voir les contrats ».
Acadamia milite pour la transparence et pour l'accès aux informations et documents administratifs permettant de comprendre le fonctionnement des secteurs de la culture, de l'enseignement supérieur et de la recherche et des institutions qui les composent.

Et à Sainté ?

Autant de sources d'inspiration pour des mobilisations stéphanoises contre le militarisme, l'armement, les guerres et les génocides.
Quelques rappels :
- le Délégué Général de la fondation UJM est un ex-directeur des opérations au sein de l'Etat major des Armées en Afrique et au Liban.
- la Cité du Design a accueilli le 26 janvier dernier 140 industriels de l'armement pour une conférence intitulée :« Economie de guerre, base industrielle et technologique de défense et esprit de défense »
- le Pole Optique et Vision a été crée par Thales, son laboratoire le laboratoire Hubert Curien est directement impliqué dans des thèses pour Thales, Safran, Airbus, la DGA, le CEA.
- L'Ecole des Mines beneficie, via la fondation Mines Telecom, des subsides de gros vendeurs d'armes ou de puces à double usage francais (MBDA, Airbus, Dassault, ST Micro electronics)
- La région stéphanoise ne manque pas de marchands de canons (Verney-Carron, Safran, Thales, HEF Groupe, Nexter-KNDS, le Banc National d'Epreuves, Rivolier...)

Que l'on choisisse de déserter ou d'y rester pour lutter, cela fait autant de points d'accroche à la critique antimilitariste.

Une conférence à l'école d'architecture

Pour commencer on note cette conférence, le 9 janvier 2025, à l'Ecole d'architecture de Sainté :

L'Architecture, une arme coloniale en Palestine : conférence de Léopold Lambert reprogrammée suite à la censure

Les interdits c'est aussi bien que l'anarchie
sujet du bac philo proposé par Eddy Mitchell

La Finlande bientot minée

Si Eddy Mitchell aime bien les interdits pour les contourner, la Finlande, elle, décide de les supprimer.
On avait déjà parlé de la Lituanie qui a ré-autorisé l'usage des bombes à sous-munitions. C'est au tour de la Finlande et peut-etre de l'Estonie de faire du retournage de veste au sujet cette fois, des mines antipersonnel. Les personnes de plus de 30 ans se souviennent des images terribles d'enfants estropiés par les mines antipersonnel disséminées dans toute l'Europe de l'Est. Alors que les pays signataires de la convention d'Ottawa s'engageaient à détruire leurs stocks, les nationalistes et cathos finlandais ont lancé une initiative citoyenne pour réclamer le retour de ces engins diaboliques. Au Parlement, seuls deux partis s'opposent à cette initiative, on leur répond, comme d'habitude que leur usage a toujours été « strictement controlé » et qu'elles seront destinées à un usage « purement défensif », ben voyons !

Économie

Le Monde nous apprend que, sans surprise, « l'industrie des armes continue de prospérer sur les crises » :

« Où qu'on tourne son regard, on trouve peu de régions du monde épargnées par une guerre ouverte, un conflit gelé ou des tensions inquiétantes. La production d'armement ne s'en est jamais aussi bien portée depuis la guerre froide. »

En 2023, le chiffre d'affaires des 100 premiers groupes de défense aurait progressé de 4,2 %, nous apprend le journal, pour atteindre 632 milliards de dollars (environ 600 milliards d'euros). Si on compare à 2015, la tendance à la hausse serait de 19 %. Une partie de ces milliards, « difficile à comptabiliser » aurait été (selon un rapport récent de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, Sipri) consacrée à « la modernisation des forces nucléaires ».

Mais le marché de l'armement reste concurrentiel, et ce sont encore les États-Unis, ces salauds, qui tirent le mieux leur épingle de ce jeu.

« À elles seules, 41 sociétés établies aux Etats-Unis ont totalisé la moitié de l'activité (317 milliards de dollars). Cinq d'entre elles caracolent en tête du classement avec un total de 194 milliards de dollars : Lockheed Martin, RTX, Northrop Grumman, Boeing et General Dynamics. »

Aye aye aye, « Armement : l'industrie européenne à la traîne du reste du monde », titre donc le Figaro, qui déplore que les ventes des 27 industriels européens de l'armement n'ont progressé que de 0,2 % pendant la même période. C'est une honte, pire, une « quasi-stagnation » !

Et au Monde de détailler :

« Les 27 groupes européens retenus affichent 133 milliards de dollars de chiffre d'affaires[...]. Avec deux poids lourds : le Royaume-Uni (47,7 milliards), tiré par BAE Systems, sixième producteur mondial ; et la France (25,5 milliards) avec ses cinq entreprises (le commissariat à l'énergie atomique, Dassault Aviation, Naval Group, Safran, Thales). […] Suivent l'Italie (15,2 milliards) et l'Allemagne (10,5 milliards) en pleine relance avec les canons, les chars Leopard 2 et les munitions de Rheinmetall. Quant aux « transeuropéens » Airbus, MBDA (missilier) et KNDS (canons, blindés), ils ont produit pour 21 milliards de dollars (− 1,5 %). »

Apparemment, toujours selon Le Monde, « Le recul des Tricolores de 8,5 % par rapport à 2022 tient au fait que cette année-là avait été dopée par la commande de 92 Rafale. » Et maintenant que tous les acheteurs les ont déjà acheté, on ne sait plus à qui vendre. Et merde !

On a du mal à le croire, mais l'industrie française de la mort … flippe de mourir ! C'est en tout cas ce que nous apprend, sur le portail IE (intelligence économique), l'article « L'industrie de la défense au risque du darwinisme économique ». Il retrace une « rencontre informelle » organisée le 18 mai (ça date) par l'Institut Choiseul sur le thème de « La révolution des industries de Défense ». Ce raout réunissant « industriels, chercheurs ou représentants de l'État » a dressé « un panorama peu réjouissant ». À l'horizon 2020-2030, l'industrie de l'armement française rentrerait en crise qui pourrait pour elle s'avérer « mortelle » selon les plus pessimistes. En cause : le décalage entre l'offre (« de plus en plus pléthorique ») et la demande globale (« réduite », puisque les pays émergents auront d'ici là acheté tout ce qu'ils peuvent, rattrapant leur retard en termes d'équipement). Les budgets de la défense risquent de baisser « sans surprise stratégique majeure » (traduction : guerre mondiale ?), à cause de « l'équilibrage » avec les « dépenses en matière sociale » (tu savais qu'être au RSA, c'était lutter contre la guerre ?). Quant à l'offre, le marché sera encore plus concurrentiel qu'aujourd'hui, puisque les pays émergents ne font pas qu'acheter, ils « bâtissent [aussi] des secteurs industriels compétitifs ».

S'ils peuvent sans doute se réjouir d'une perspective de « surprise stratégique majeure » de type escalade des guerres (presque mondiales) en cours, nos experts concluent surtout sur le besoin pour l'État de se doter d'une stratégie digne de ce nom dans le domaine. C'est, disent-ils, plus simple qu'ailleurs dans ce « secteur régalien », même si cela pourrait rentrer « en contradiction avec certaines habitudes. La survie de certains est pourtant à ce prix : être en rupture avec les systèmes de pensée et d'agir actuels ». Voilà, si des industriels font leur beurre sur la vente d'engins de mort, c'est simplement pour leur survie. On n'est pas loin d'un « légitime défense » !
La conclusion de nos experts : « Avoir une stratégie ou mourir »

S'il y a des atermoiements qui réclament plus de moyens et d'attentions gouvernementales, il n'empeche que plusieurs boites s'en sortent manifestement très bien.

Coincidence morbide

Le lundi 25 novembre 2024, le Progres publie un article sur l'entreprise Rivolier intitulé : Gilets, chausures, armes ... Rivolier équipe les forces de l'ordre et l'armée.
L'entreprise de Saint-Just-Saint-Rambert se porte très bien puisqu'elle vient de racheter MD Tech, une petite entreprise d'Andrézieux Bouthéon spécialisée dans le materiel utilisé par la police scientifique. MD Tech rejoint donc la division Sécurité-Défense de Rivolier, qui pèse pour 40% de son chiffre d'affaires.

Le lendemain, un policier municipal de Saint-Étienne tue un homme en pleine rue. L'article de la veille rapellait d'ailleurs que Rivolier revendique 60% du marché des policiers municipaux, dont Saint-Étienne pour qui le dernier appel d'offre dépassait le million d'euros.
Un argument de vente de Rivolier : « pour amateurs de petit et gros gibier ».

Quelques brèves

Ca plane pour Airbus

Le ministère des Armées prévoit de notifier à Airbus, d'ici fin 2024, un contrat de levée de risques pour le programme d'avions de patrouille maritime (Patmar). Ce programme vise à remplacer les 18 Atlantique 2 de la Marine nationale après 2030. Airbus propose une version militarisée de l'A321XLR, l'A321PMA, sélectionnée par le ministère pour ses capacités d'emport supérieures, malgré la concurrence du Falcon 10X de Dassault Aviation. La Marine nationale envisage de commander plus de dix appareils, avec une mise en service de trois exemplaires prévue à l'horizon 2035.

Ca roule pour Michelin

Environ 40 millions d'euros de pneus de la marque française ont été vendus à Moscou depuis la mise en place de l'embargo après l'invasion de l'Ukraine en 2022, selon une analyse du renseignement ukrainien obtenue par Mediapart. Michelin dément tout lien commercial avec la Russie.

Les marchands de canons français s'installent en Ukraine

Le GICAT a inauguré un bureau à Kiev le 11 décembre 2024, renforçant son engagement envers l'Ukraine. Ce bureau facilitera les partenariats franco-ukrainiens, soutiendra les entreprises françaises et contribuera à la reconstruction. Un accord signé avec FEU Defence marque cette collaboration, soutenue par les autorités françaises et ukrainiennes.

Ne laissons pas les choses gagner, ne collaborons pas avec les vendeurs de mort !

Vive la vie ! Vive l'anarchie !

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