Reading view

There are new articles available, click to refresh the page.

Manifestation pour une mobilisation commune aux luttes climatique, antifasciste et de soutien à la Palestine

Les événements historiques se succèdent et cela nous terrifie.

Mayotte, Kanaky, violences policières, Gaza, Valencia, violences de genre, licenciements en cascade, Mercosur, déni de démocratie, retour de Trump au pouvoir, etc.

Comment réagir ? Comment résister et lutter ? Nous avons une proposition : nous mobiliser dans les rues de toute l'Europe, en rassemblant des luttes qui, jusqu'à présent, ont été séparées les unes des autres.
Retrouvons nous ce samedi 18 janvier à 14h devant la gare du clapier.

Le retour du fascisme nous met tou.te.s sur le sentier de la guerre civile, nationale, régionale et peut-être mondiale. Ce retour est alimenté par l'absence de réponses des gouvernements aux crises de notre temps - sociale, politique, économique, climatique. Les nouveaux partis d'extrême droite refusent de s'attaquer aux causes réelles de ces crises et les remplacent par les vieilles haines de nos sociétés : la haine contre les personnes de couleur, de langue, d'orientation sexuelle et de religion différentes. Ils disent de haïr quelqu'un d'autre, de détourner le regard de la réalité et n'offrent qu'un retour au passé. Ils nous poussent à la guerre contre nos voisins, contre notre planète et finalement contre nous-mêmes.

Les guerres tuent des milliers de personnes chaque jour dans le monde. Qu'il s'agisse du génocide en Palestine, de l'invasion de l'Ukraine, des conflits au Congo et au Sud-Soudan, tous répondent à l'avidité des élites pour l'accès aux ressources : terre, eau, minéraux, combustibles fossiles ou autres. Tous ces conflits engendrent d'horribles souffrances humaines et des traumatismes sociaux. Tous alimentent et sont alimentés par la montée du fascisme. Tous aggravent les crises climatiques et environnementales. Ces guerres sont le rejet de toute forme de justice, elles recherchent un retour au passé, partagé par l'extrême droite, un passé de colonies et d'empires, effaçant tout ce que nous aurions pu avancer au cours des dernières décennies.

La crise climatique crée une nouvelle planète. Elle la rend plus chaude, plus humide et plus sèche, plus dangereuse et de plus en plus difficile à vivre. Nous n'en sommes qu'au début, et chaque fois que la température augmente, de nouveaux territoires deviennent inhabitables. Les cultures dont nous dépendons sont en danger. L'eau dont nous avons besoin pour boire et nous rafraîchir s'épuise. Les gouvernements et les entreprises réagissent à cette situation en augmentant les prix, ce qui leur permet de réaliser des bénéfices records et d'aggraver le coût de la vie. Pour eux, c'est l'occasion de gagner plus d'argent en profitant de la crise. Pourtant, les émissions qui en sont la cause ne cessent d'augmenter, et elles n'ont jamais été aussi élevées. Il n'y a pas de transition, pas d'économie verte, seulement plus d'argent gagné par les entreprises qui ont créé cette crise.

Il est inutile de fermer les yeux. C'est le monde dans lequel nous vivons et le moment de l'histoire où nous sommes en vie. On ne peut pas arrêter le fascisme sans arrêter la guerre. On ne peut pas arrêter le fascisme sans arrêter le chaos climatique en démantelant l'industrie fossile. Le chaos climatique ne peut être arrêté dans un contexte de fascisme et de guerres. On ne peut pas arrêter les guerres sans arrêter la montée du fascisme et du chaos climatique, qui crée les conditions pour de nouveaux conflits chaque jour. Ces dernières années, nous avons assisté à des manifestations, grandes et petites, radicales et discrètes, sur toutes ces questions. Elles étaient déconnectées les unes des autres, comme si les événements qui se produisaient n'avaient rien à voir les uns avec les autres. Il s'agit de différentes facettes de la même crise.

Nous devons regarder l'avenir avec les yeux ouverts. Les peuples du monde sont au bord de l'effondrement et les élites ne pensent qu'à la manière de faire du profit, de réprimer les gens ordinaires et de déclencher de nouvelles guerres pour étendre leur pouvoir déjà énorme. Elles nous poussent à bout. Nous devons les repousser. Ensemble. Ne restez pas seuls.

C'est le sens de l'appel « The surge » qui verra l'organisation de manifestations dans une dizaine de villes d'Europe le 18 & 19 janvier prochain. Nous pensons qu'il est nécessaire de répondre à cet appel. Le bilan humain à Mayotte nous prouve le prix à payer si nous ne faisons rien. La répression du mouvement pour la Palestine, ou des luttes contre les mégabassines, des Gilets Jaunes, ou contre la réforme des retraites nous prouvent que la classe des plus riches n'est plus disposée à faire le moindre compromis. Il faut donc l'écarter du pouvoir. C'est la condition préalable à toute politique pour améliorer réellement les vies du plus grand nombre.

Pour se faire, il faut coordonner nos luttes au sein de nos pays, mais surtout coordonner les luttes entre les pays. Car si la classe possédante sait briser nos mobilisations dans un seul pays, elle ne sait pas encore comment faire si tous les ports d'Europe, toutes les raffineries, et tous les entrepôts Amazon sont bloqués.

Voilà pourquoi nous vous invitons à nous rejoindre afin d'enclencher l'émergence d'une mobilisation et d'une coordination de toutes les luttes au niveau européen.

Samedi 18 janvier, retrouvons-nous à 14h devant la gare du Clapier pour lancer la première d'une longue série de clameurs à plusieurs voix contre le fascisme, le chaos climatique et la guerre ! Les yeux ouverts ! Avançons ensemble !
Venez nombreuXes faire entendre et confronter vos idées et montrer que nos voix comptent !

Epilogue sur le mouvement anti-mondialisation

Traduction d'un texte du collectif CrimeThinc qui analyse 22 ans après le blocage de l'OMC à Seattle ce que le mouvement qui a débuté à ce moment-là peut nous apprendre aujourd'hui. Texte publié sur le site dijoncter.info.

Il y a 22 ans aujourd'hui, des anarchistes et d'autres manifestants ont réussi à bloquer et à fermer le sommet de l'Organisation mondiale du commerce à Seattle. C'était le début spectaculaire de ce que les journalistes ont appelé le « mouvement antimondialisation » - en fait, un mouvement mondial contre le capitalisme néolibéral. Au cours des dernières années, nous avons célébré les vingt ans de plusieurs des moments forts de ce mouvement. Aujourd'hui, nous réfléchissons à ses origines et à ce qu'il peut enseigner aux mouvements contemporains.

Dans l'annexe intitulée « Compte à rebours pour la bataille de Seattle - Une chronologie incomplète », nous explorons la portée mondiale du mouvement qui a conduit à la victoire de Seattle.

Lorsque nous pensons au soi-disant mouvement antimondialisation, nous pensons à des manifestations massives lors de sommets. Outre la mobilisation historique contre l'OMC à Seattle, nous nous souvenons de la marche du black bloc contre la réunion ministérielle de la Zone de libre-échange des Amériques à Québec en avril 2001, ou des émeutes au sommet du G8 à Gênes au juillet suivant.

Mais ces sommets n'étaient que des panaches de fumée s'élevant d'un feu. Pour utiliser une métaphore plus précise, il s'agissait de champignons émergeant d'un réseau mycélien. Le réseau lui-même était composé d'une variété d'espaces et de mouvements participatifs anticoloniaux et contre-culturels répartis dans le monde entier : des révoltes indigènes comme celle de l'EZLN au Mexique, des mouvements d'occupation comme le Movimento Sem Terra au Brésil et le réseau des centres sociaux squattés en Europe, des mouvements de travailleurs agricoles du sous-continent indien à la Corée du Sud, des mouvements écologiques comme Earth First !, des syndicats de base comme l'Industrial Workers of the World, des milieux de musique underground bricolés comme les scènes rave et punk.

Dans tous ces contextes, les gens ont pu développer un discours commun sur leur vie, leurs aspirations et leurs problèmes, et surtout, ils ont pu expérimenter des moyens d'utiliser collectivement leur capacité d'agir en dehors des impératifs du capitalisme et de la politique d'État. (Par contraste, les réseaux radicaux actuels basés sur l'Internet fournissent souvent un espace virtuel pour le discours sans offrir un espace physique ou temporel partagé pour une expérimentation collective qui rompt avec la logique des institutions qui restent dominantes dans cette société.) Dans les contextes susmentionnés, les individus ont pu développer leurs idées et établir des relations durables avant d'entrer en confrontation directe avec les forces assemblées de la répression étatique.

« L'enracinement dans des espaces sociaux et culturels de longue date a été essentiel au succès de ces mobilisations, car il a permis aux gens de vivre une évolution politique commune, de tisser des liens et d'innover de nouvelles tactiques et de nouveaux discours. Les punks qui avaient joué dans des groupes ensemble ont intuitivement compris comment former des groupes affinitaires ; les militants écologistes qui avaient coordonné des campagnes dans les bois savaient comment faciliter des réunions impliquant des personnes de plusieurs continents. »

Genoa 2001 : Memories from the Front Lines

Tout cela a eu lieu des années avant les manifestations massives lors de sommets qui ont attiré l'attention des photojournalistes. Pour continuer à employer la métaphore du mycélium, la première étape a été pour les spores individuelles de trouver un sol fertile dans lequel germer. La décentralisation a précédé la convergence. L'étape suivante a consisté pour les scènes et les mouvements individuels à entrer en contact, de la même manière que les spores des champignons, lorsqu'elles germent, envoient des fils fongiques cherchant à se connecter les uns aux autres.

Bien avant que nous ne convergions lors des manifestations pour les sommets, les gens qui couvraient ces différents contextes les ont mis en contact les uns avec les autres, démontrant les vertus de ce que les zapatistes appelaient « Un monde dans lequel plusieurs mondes s'insèrent ». Les vieux anarchistes qui avaient survécu aux récessions et aux dictatures du milieu du 20e siècle sont entrés en contact avec les punks ; les punks se sont rendus au Chiapas et ont rencontré des organisateurs indigènes ; les organisateurs indigènes ont appelé à des journées mondiales d'action ; et le reste appartient à l'histoire.

La suite de cet article à lire sur le site dijoncter.info.

❌