Reading view

There are new articles available, click to refresh the page.

Revue de presse antimilitariste #6 (début 2025)

Les etres ont cedé, perdu la bagarre,
les choses ont gagné, c'est leur territoire

JJ Goldman

Passées les gueules de bois rituelles consacrées à fêter la hausse du prix des timbres remettons-nous tranquillement dans les actualités du monde tel qu'il va. Des missiles, des avions, des gros sous, des écoles d'ingenieurs, le monde regorge d'outils toujours plus innovants pour jouer à la guerre. Ce jeu morbide dans lequel les peuples sont toujours perdants et où les Etats sont systématiquement vainqueurs par chaos.

Coup d'éclat à l'Optique Graduate School !

Le vendredi 13 décembre 2024, une ingénieure déchire son diplome en pleine cérémonie. Elle explique son geste par la participation de son école à l'industrie de l'armement mais aussi plus largement par le rôle de la recherche scientifique dans l'armement du monde.
Son billet sur Mediapart est éloquent.
La recherche scientifique sert l'industrie de l'armement : voilà pourquoi je déchire mon diplôme

Cet acte courageux est d'autant plus interessant pour nous parce qu'ici, à Sainté, on a le Pole Optique et Vision qui est directement lié à l'Optique Graduate School.
Un exemple qui illustre parfaitement la dynamique générale.
Un étudiant de l'OGS qui, lui, n'a pas déchiré son diplome est venu faire sa thèse à l'Institut d'Optique de Sainté, au laboratoire Hubert Curien, avec comme financeurs la Direction Generale de l'Armement et Thales Optronics.
Sa thèse :

Conception et réalisation de caméras plénoptiques pour l'apport d'une vision 3D à un imageur infrarouge mono plan focal

On y voit de sympathiques avions militaires de reconnaissance Airbus, Atlantic 2 par exemple, ornés de caméras.

Cet exemple est loin d'être le seul, ces labos regorgent de financements de la part de l'Armée et de boites mortifères !

On s'attend donc à ce que l'appel de cette etudiante « arretons d'être le problème », fasse un gros echo chez les etudiant.es de Sainté et qu'une épidémie de desertion se répande dans les labos et universités stéphanoises. Chouette, on va ouvrir plein de parcelles maraichères ! A commencer pourquoi pas, par l'horrible pelouse d'Eden.

Même si la presse bourgeoise n'en parle pas, l'initiative individuelle de cette étudiante est loin d'être isolée et d'autres, plus collectives essaient de se faire entendre. C'est le cas à Grenoble, où des étudiant.es et personnels écrivent une lettre à la présidence de l'Université Grenoble Alpes pour exiger plus de transparence vis-à-vis des financements industriels et l'arret des collaborations avec des entreprises mortifères, impliquées dans des guerres.

Dans la même veine, il y a aussi l'initiative acadamia « on veut voir les contrats ».
Acadamia milite pour la transparence et pour l'accès aux informations et documents administratifs permettant de comprendre le fonctionnement des secteurs de la culture, de l'enseignement supérieur et de la recherche et des institutions qui les composent.

Et à Sainté ?

Autant de sources d'inspiration pour des mobilisations stéphanoises contre le militarisme, l'armement, les guerres et les génocides.
Quelques rappels :
- le Délégué Général de la fondation UJM est un ex-directeur des opérations au sein de l'Etat major des Armées en Afrique et au Liban.
- la Cité du Design a accueilli le 26 janvier dernier 140 industriels de l'armement pour une conférence intitulée :« Economie de guerre, base industrielle et technologique de défense et esprit de défense »
- le Pole Optique et Vision a été crée par Thales, son laboratoire le laboratoire Hubert Curien est directement impliqué dans des thèses pour Thales, Safran, Airbus, la DGA, le CEA.
- L'Ecole des Mines beneficie, via la fondation Mines Telecom, des subsides de gros vendeurs d'armes ou de puces à double usage francais (MBDA, Airbus, Dassault, ST Micro electronics)
- La région stéphanoise ne manque pas de marchands de canons (Verney-Carron, Safran, Thales, HEF Groupe, Nexter-KNDS, le Banc National d'Epreuves, Rivolier...)

Que l'on choisisse de déserter ou d'y rester pour lutter, cela fait autant de points d'accroche à la critique antimilitariste.

Une conférence à l'école d'architecture

Pour commencer on note cette conférence, le 9 janvier 2025, à l'Ecole d'architecture de Sainté :

L'Architecture, une arme coloniale en Palestine : conférence de Léopold Lambert reprogrammée suite à la censure

Les interdits c'est aussi bien que l'anarchie
sujet du bac philo proposé par Eddy Mitchell

La Finlande bientot minée

Si Eddy Mitchell aime bien les interdits pour les contourner, la Finlande, elle, décide de les supprimer.
On avait déjà parlé de la Lituanie qui a ré-autorisé l'usage des bombes à sous-munitions. C'est au tour de la Finlande et peut-etre de l'Estonie de faire du retournage de veste au sujet cette fois, des mines antipersonnel. Les personnes de plus de 30 ans se souviennent des images terribles d'enfants estropiés par les mines antipersonnel disséminées dans toute l'Europe de l'Est. Alors que les pays signataires de la convention d'Ottawa s'engageaient à détruire leurs stocks, les nationalistes et cathos finlandais ont lancé une initiative citoyenne pour réclamer le retour de ces engins diaboliques. Au Parlement, seuls deux partis s'opposent à cette initiative, on leur répond, comme d'habitude que leur usage a toujours été « strictement controlé » et qu'elles seront destinées à un usage « purement défensif », ben voyons !

Économie

Le Monde nous apprend que, sans surprise, « l'industrie des armes continue de prospérer sur les crises » :

« Où qu'on tourne son regard, on trouve peu de régions du monde épargnées par une guerre ouverte, un conflit gelé ou des tensions inquiétantes. La production d'armement ne s'en est jamais aussi bien portée depuis la guerre froide. »

En 2023, le chiffre d'affaires des 100 premiers groupes de défense aurait progressé de 4,2 %, nous apprend le journal, pour atteindre 632 milliards de dollars (environ 600 milliards d'euros). Si on compare à 2015, la tendance à la hausse serait de 19 %. Une partie de ces milliards, « difficile à comptabiliser » aurait été (selon un rapport récent de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, Sipri) consacrée à « la modernisation des forces nucléaires ».

Mais le marché de l'armement reste concurrentiel, et ce sont encore les États-Unis, ces salauds, qui tirent le mieux leur épingle de ce jeu.

« À elles seules, 41 sociétés établies aux Etats-Unis ont totalisé la moitié de l'activité (317 milliards de dollars). Cinq d'entre elles caracolent en tête du classement avec un total de 194 milliards de dollars : Lockheed Martin, RTX, Northrop Grumman, Boeing et General Dynamics. »

Aye aye aye, « Armement : l'industrie européenne à la traîne du reste du monde », titre donc le Figaro, qui déplore que les ventes des 27 industriels européens de l'armement n'ont progressé que de 0,2 % pendant la même période. C'est une honte, pire, une « quasi-stagnation » !

Et au Monde de détailler :

« Les 27 groupes européens retenus affichent 133 milliards de dollars de chiffre d'affaires[...]. Avec deux poids lourds : le Royaume-Uni (47,7 milliards), tiré par BAE Systems, sixième producteur mondial ; et la France (25,5 milliards) avec ses cinq entreprises (le commissariat à l'énergie atomique, Dassault Aviation, Naval Group, Safran, Thales). […] Suivent l'Italie (15,2 milliards) et l'Allemagne (10,5 milliards) en pleine relance avec les canons, les chars Leopard 2 et les munitions de Rheinmetall. Quant aux « transeuropéens » Airbus, MBDA (missilier) et KNDS (canons, blindés), ils ont produit pour 21 milliards de dollars (− 1,5 %). »

Apparemment, toujours selon Le Monde, « Le recul des Tricolores de 8,5 % par rapport à 2022 tient au fait que cette année-là avait été dopée par la commande de 92 Rafale. » Et maintenant que tous les acheteurs les ont déjà acheté, on ne sait plus à qui vendre. Et merde !

On a du mal à le croire, mais l'industrie française de la mort … flippe de mourir ! C'est en tout cas ce que nous apprend, sur le portail IE (intelligence économique), l'article « L'industrie de la défense au risque du darwinisme économique ». Il retrace une « rencontre informelle » organisée le 18 mai (ça date) par l'Institut Choiseul sur le thème de « La révolution des industries de Défense ». Ce raout réunissant « industriels, chercheurs ou représentants de l'État » a dressé « un panorama peu réjouissant ». À l'horizon 2020-2030, l'industrie de l'armement française rentrerait en crise qui pourrait pour elle s'avérer « mortelle » selon les plus pessimistes. En cause : le décalage entre l'offre (« de plus en plus pléthorique ») et la demande globale (« réduite », puisque les pays émergents auront d'ici là acheté tout ce qu'ils peuvent, rattrapant leur retard en termes d'équipement). Les budgets de la défense risquent de baisser « sans surprise stratégique majeure » (traduction : guerre mondiale ?), à cause de « l'équilibrage » avec les « dépenses en matière sociale » (tu savais qu'être au RSA, c'était lutter contre la guerre ?). Quant à l'offre, le marché sera encore plus concurrentiel qu'aujourd'hui, puisque les pays émergents ne font pas qu'acheter, ils « bâtissent [aussi] des secteurs industriels compétitifs ».

S'ils peuvent sans doute se réjouir d'une perspective de « surprise stratégique majeure » de type escalade des guerres (presque mondiales) en cours, nos experts concluent surtout sur le besoin pour l'État de se doter d'une stratégie digne de ce nom dans le domaine. C'est, disent-ils, plus simple qu'ailleurs dans ce « secteur régalien », même si cela pourrait rentrer « en contradiction avec certaines habitudes. La survie de certains est pourtant à ce prix : être en rupture avec les systèmes de pensée et d'agir actuels ». Voilà, si des industriels font leur beurre sur la vente d'engins de mort, c'est simplement pour leur survie. On n'est pas loin d'un « légitime défense » !
La conclusion de nos experts : « Avoir une stratégie ou mourir »

S'il y a des atermoiements qui réclament plus de moyens et d'attentions gouvernementales, il n'empeche que plusieurs boites s'en sortent manifestement très bien.

Coincidence morbide

Le lundi 25 novembre 2024, le Progres publie un article sur l'entreprise Rivolier intitulé : Gilets, chausures, armes ... Rivolier équipe les forces de l'ordre et l'armée.
L'entreprise de Saint-Just-Saint-Rambert se porte très bien puisqu'elle vient de racheter MD Tech, une petite entreprise d'Andrézieux Bouthéon spécialisée dans le materiel utilisé par la police scientifique. MD Tech rejoint donc la division Sécurité-Défense de Rivolier, qui pèse pour 40% de son chiffre d'affaires.

Le lendemain, un policier municipal de Saint-Étienne tue un homme en pleine rue. L'article de la veille rapellait d'ailleurs que Rivolier revendique 60% du marché des policiers municipaux, dont Saint-Étienne pour qui le dernier appel d'offre dépassait le million d'euros.
Un argument de vente de Rivolier : « pour amateurs de petit et gros gibier ».

Quelques brèves

Ca plane pour Airbus

Le ministère des Armées prévoit de notifier à Airbus, d'ici fin 2024, un contrat de levée de risques pour le programme d'avions de patrouille maritime (Patmar). Ce programme vise à remplacer les 18 Atlantique 2 de la Marine nationale après 2030. Airbus propose une version militarisée de l'A321XLR, l'A321PMA, sélectionnée par le ministère pour ses capacités d'emport supérieures, malgré la concurrence du Falcon 10X de Dassault Aviation. La Marine nationale envisage de commander plus de dix appareils, avec une mise en service de trois exemplaires prévue à l'horizon 2035.

Ca roule pour Michelin

Environ 40 millions d'euros de pneus de la marque française ont été vendus à Moscou depuis la mise en place de l'embargo après l'invasion de l'Ukraine en 2022, selon une analyse du renseignement ukrainien obtenue par Mediapart. Michelin dément tout lien commercial avec la Russie.

Les marchands de canons français s'installent en Ukraine

Le GICAT a inauguré un bureau à Kiev le 11 décembre 2024, renforçant son engagement envers l'Ukraine. Ce bureau facilitera les partenariats franco-ukrainiens, soutiendra les entreprises françaises et contribuera à la reconstruction. Un accord signé avec FEU Defence marque cette collaboration, soutenue par les autorités françaises et ukrainiennes.

Ne laissons pas les choses gagner, ne collaborons pas avec les vendeurs de mort !

Vive la vie ! Vive l'anarchie !

Je hais le nouvel an

Chaque matin, à me réveiller encore sous la voûte céleste, je sens que c'est pour moi la nouvelle année. C'est pourquoi je hais ces nouvel an à échéance fixe qui font de la vie et de l'esprit humain une entreprise commerciale avec ses entrées et sorties en bonne et due forme, son bilan et son budget pour l'exercice à venir. Ils font perdre le sens de la continuité de la vie et de l'esprit.

On finit par croire sérieusement que d'une année à l'autre existe une solution de continuité et que commence une nouvelle histoire, on fait des résolutions et l'on regrette ses erreurs etc. etc. C'est un travers des dates en général. On dit que la chronologie est l'ossature de l'Histoire ; on peut l'admettre. Mais il faut admettre aussi qu'il y a quatre ou cinq dates fondamentales que toute personne bien élevée conserve fichée dans un coin de son cerveau et qui ont joué de vilains tours à l'Histoire. Elles aussi sont des nouvel an. Le nouvel an de l'Histoire romaine, ou du Moyen Âge, ou de l'Époque moderne. Et elles sont devenues tellement envahissantes et fossilisantes que nous nous surprenons nous-mêmes à penser quelquefois que la vie en Italie a commencé en 752, et que 1490 ou 1492 sont comme des montagnes que l'humanité a franchies d'un seul coup en se retrouvant dans un nouveau monde, en entrant dans une nouvelle vie.

Ainsi la date devient un obstacle, un parapet qui empêche de voir que l'histoire continue de se dérouler avec la même ligne fondamentale et inchangée, sans arrêts brusques, comme lorsque au cinéma la pellicule se déchire et laisse place à un intervalle de lumière éblouissante. Voilà pourquoi je déteste le nouvel an. Je veux que chaque matin soit pour moi une année nouvelle. Chaque jour je veux faire les comptes avec moi-même, et me renouveler chaque jour. Aucun jour prévu pour le repos. Les pauses je les choisis moi-même, quand je me sens ivre de vie intense et que je veux faire un plongeon dans l'animalité pour en retirer une vigueur nouvelle. Pas de ronds-de-cuir spirituels. Chaque heure de ma vie je la voudrais neuve, fût-ce en la rattachant à celles déjà parcourues. Pas de jour de jubilation aux rimes obligées collectives, à partager avec des étrangers qui ne m'intéressent pas. Parce qu'ont jubilé les grands-parents de nos grands parents etc., nous devrions nous aussi ressentir le besoin de la jubilation. Tout cela est écœurant.

Antonio Gramsci, 1er janvier 1916 dans l'Avanti !, Traduction d'Olivier Favier.

Publié sur le site de renverse.co

Epilogue sur le mouvement anti-mondialisation

Traduction d'un texte du collectif CrimeThinc qui analyse 22 ans après le blocage de l'OMC à Seattle ce que le mouvement qui a débuté à ce moment-là peut nous apprendre aujourd'hui. Texte publié sur le site dijoncter.info.

Il y a 22 ans aujourd'hui, des anarchistes et d'autres manifestants ont réussi à bloquer et à fermer le sommet de l'Organisation mondiale du commerce à Seattle. C'était le début spectaculaire de ce que les journalistes ont appelé le « mouvement antimondialisation » - en fait, un mouvement mondial contre le capitalisme néolibéral. Au cours des dernières années, nous avons célébré les vingt ans de plusieurs des moments forts de ce mouvement. Aujourd'hui, nous réfléchissons à ses origines et à ce qu'il peut enseigner aux mouvements contemporains.

Dans l'annexe intitulée « Compte à rebours pour la bataille de Seattle - Une chronologie incomplète », nous explorons la portée mondiale du mouvement qui a conduit à la victoire de Seattle.

Lorsque nous pensons au soi-disant mouvement antimondialisation, nous pensons à des manifestations massives lors de sommets. Outre la mobilisation historique contre l'OMC à Seattle, nous nous souvenons de la marche du black bloc contre la réunion ministérielle de la Zone de libre-échange des Amériques à Québec en avril 2001, ou des émeutes au sommet du G8 à Gênes au juillet suivant.

Mais ces sommets n'étaient que des panaches de fumée s'élevant d'un feu. Pour utiliser une métaphore plus précise, il s'agissait de champignons émergeant d'un réseau mycélien. Le réseau lui-même était composé d'une variété d'espaces et de mouvements participatifs anticoloniaux et contre-culturels répartis dans le monde entier : des révoltes indigènes comme celle de l'EZLN au Mexique, des mouvements d'occupation comme le Movimento Sem Terra au Brésil et le réseau des centres sociaux squattés en Europe, des mouvements de travailleurs agricoles du sous-continent indien à la Corée du Sud, des mouvements écologiques comme Earth First !, des syndicats de base comme l'Industrial Workers of the World, des milieux de musique underground bricolés comme les scènes rave et punk.

Dans tous ces contextes, les gens ont pu développer un discours commun sur leur vie, leurs aspirations et leurs problèmes, et surtout, ils ont pu expérimenter des moyens d'utiliser collectivement leur capacité d'agir en dehors des impératifs du capitalisme et de la politique d'État. (Par contraste, les réseaux radicaux actuels basés sur l'Internet fournissent souvent un espace virtuel pour le discours sans offrir un espace physique ou temporel partagé pour une expérimentation collective qui rompt avec la logique des institutions qui restent dominantes dans cette société.) Dans les contextes susmentionnés, les individus ont pu développer leurs idées et établir des relations durables avant d'entrer en confrontation directe avec les forces assemblées de la répression étatique.

« L'enracinement dans des espaces sociaux et culturels de longue date a été essentiel au succès de ces mobilisations, car il a permis aux gens de vivre une évolution politique commune, de tisser des liens et d'innover de nouvelles tactiques et de nouveaux discours. Les punks qui avaient joué dans des groupes ensemble ont intuitivement compris comment former des groupes affinitaires ; les militants écologistes qui avaient coordonné des campagnes dans les bois savaient comment faciliter des réunions impliquant des personnes de plusieurs continents. »

Genoa 2001 : Memories from the Front Lines

Tout cela a eu lieu des années avant les manifestations massives lors de sommets qui ont attiré l'attention des photojournalistes. Pour continuer à employer la métaphore du mycélium, la première étape a été pour les spores individuelles de trouver un sol fertile dans lequel germer. La décentralisation a précédé la convergence. L'étape suivante a consisté pour les scènes et les mouvements individuels à entrer en contact, de la même manière que les spores des champignons, lorsqu'elles germent, envoient des fils fongiques cherchant à se connecter les uns aux autres.

Bien avant que nous ne convergions lors des manifestations pour les sommets, les gens qui couvraient ces différents contextes les ont mis en contact les uns avec les autres, démontrant les vertus de ce que les zapatistes appelaient « Un monde dans lequel plusieurs mondes s'insèrent ». Les vieux anarchistes qui avaient survécu aux récessions et aux dictatures du milieu du 20e siècle sont entrés en contact avec les punks ; les punks se sont rendus au Chiapas et ont rencontré des organisateurs indigènes ; les organisateurs indigènes ont appelé à des journées mondiales d'action ; et le reste appartient à l'histoire.

La suite de cet article à lire sur le site dijoncter.info.

Penser l'articulation entre la lutte contre l'antisémitisme et la lutte contre le colonialisme israélien

Dans un contexte de montée de l'antisémitisme en France, de guerre coloniale à Gaza, et plus récemment de polémique sur le caractère antisémite des violences à Amsterdam en novembre 2024, un épisode qui vise à poser les jalons d'une articulation entre la lutte contre l'antisémitisme et la lutte contre le colonialisme israélien. Une émission de Sortir du capitalisme

UNE ÉMISSION À ÉCOUTER ICI !

L'épisode (1 heure 20 minutes) comporte :

Une présentation du projet de cette émission : penser l'articulation entre montée de l'antisémitisme et violence coloniale en Palestine, d'une part, et entre lutte contre l'antisémitisme et lutte contre le colonialisme israélien, d'autre part [1min47sec]

Une critique des réactions à gauche face à la montée de l'antisémitisme dans un contexte de guerre coloniale à Gaza : d'un côté, celles et ceux qui se focalisent sur l'instrumentalisation croissante par les Etats occidentaux et Israël de cette montée de l'antisémitisme pour justifier les crimes du colonialisme israélien et la répression du mouvement pro-palestinien, au prix d'une minimisation ou d'une négation de la montée de l'antisémitisme en France ; d'un autre côté, celles et ceux qui vont se focaliser sur la montée de l'antisémitisme, mais en niant ou minimisant au passage le caractère intrinsèquement colonial de l'Etat d'Israël en tant qu'Etat refuge des Juifs face à l'antisémitisme mondial, participant ainsi malgré elles et eux à l'agenda idéologique dominant qui fait de l'Etat d'Israël un Etat qui n'est pas intrinsèquement colonial et du mouvement pro-palestinien ou antisioniste un mouvement tendanciellement antisémite [3min25sec]

Une présentation des questions auxquels nous répondons dans cette émission : Comment expliquer la montée de l'antisémitisme à chaque épisode sanglant du colonialisme israélien ? Comment expliquer la dimension antisémite d'une partie des critiques de l'Etat d'Israël ? Peut-on lutter simultanément contre l'antisémitisme et contre les crimes du colonialisme israélien, et si oui, comment ? [8min23sec]

Une critique des impasses des polémiques à gauche sur l'antisémitisme depuis le 7 octobre [14min23sec]

Thèse n°1 : la montée de l'antisémitisme concomitante aux crimes coloniaux israéliens ne peut s'expliquer que par l'existence au préalable d'un antisémitisme plus ou moins fort dans la population [15min58sec]

Thèse n°2 : l'antisémitisme est la personnalisation racialisante non seulement du capital financier et mondialisé [Stoff], mais aussi du colonialisme « sioniste » et de l'impérialisme « américano-sioniste », consistant à incarner le colonialisme israélien dans un groupe racialisé, les Juifs du monde entier [21min40sec]

Thèse n°3 : un des moteurs du ressentiment antisémite en France est la racialisation « bienveillante » (comme on parle de « sexisme bienveillant ») des juifs de France comme « minorité modèle » qui serait bien intégrée, laïque et travailleuse, et a contrario des « minorités repoussoirs », notamment les populations musulmanes et romani [23min]

Thèse n°4 : cette racialisation « bienveillante » n'exclue pas une poursuite de la racialisation péjorative des Juifs comme communautaristes ou réactionnaires, à l'extrême-droite comme parfois à gauche [27min36sec]

Thèse n°5 : l'antisémitisme actuel en France est une combinaison du complotisme antisémite assimilant les Juifs à un pouvoir mondial et du ressentiment à l'égard des Juifs de France comme « minorité modèle » associée à Israël et qui serait « favorisée » par l'Etat, notamment en termes de politique mémorielle – d'où un négationnisme de la Shoah – et d'alignement géopolitique avec l'Etat d'Israël [29min20sec]

Thèse n°6 : l'antisémitisme actuel est notamment un produit du discours des Etats occidentaux identifiant leurs communautés juives nationales à Israël, favorisant l'équation antisémite entre Juifs et crimes coloniaux israéliens [29min58sec]

Un retour sur l'antisémitisme de Soral et Dieudonné [34min09sec]

Thèse n°7 : l'essouflement des luttes pro-palestiennes dans les années 2000 a été un terreau favorable à une appropriation croissante de « l'antisionisme » par des antisémites d'extrême-droite comme Dieudonné et Soral, même s'il y a toujours eu une frange antisémite se réclamant de l'antisionisme [37min14sec]

Thèse n°8 : il y a une urgence morale, politique et stratégique à faire plus de formations contre l'antisémitisme dans les mouvements pro-palestiniens et contre le colonialisme israélien dans les mouvements de lutte contre l'antisémitisme, et ce en articulant les deux problématiques sans les rabattre l'une sur l'autre, de manière à lutter contre les impasses de chaque mouvement et contre leur suspicion respectivement à l'égard de la lutte contre l'antisémitisme et à l'égard de la lutte pro-palestinienne [42min56sec]

Thèse n°9 : lutter contre l'antisémitisme implique de ne pas exceptionnaliser « négativement » l'Etat d'Israël comme Etat super-impérialiste tout-puissant et maléfique, ni de l'exceptionnaliser « positivement » comme Etat refuge intrinsèquement émancipateur, mais d'en faire un Etat colonial de peuplement parmi d'autres, avec ses spécificités mais aussi ses caractéristiques communes avec d'autres colonisations de peuplement [52min02sec]

Thèse n°10 : il faut arrêter de séparer la lutte contre l'antisémitisme de la lutte antiraciste, et réciproquement, il faut combattre la montée réelle de l'antisémitisme y compris dans nos rangs [57min23sec]

Thèse n°11 : on ne pourra rallier le mouvement pro-palestinien à la lutte radicale contre l'antisémitisme qu'en étant radicalement anticolonialistes, et on ne pourra réconcilier une partie des Juifs de France avec la gauche qu'en étant radicalement contre l'antisémitisme [1h20sec]

Thèse n°12 : il y a de l'antisémitisme à gauche, et même de gauche lorsqu'il se cache derrière un discours anticolonialiste de gauche, et il faut le combattre en tant que tel [1h08min51sec]

Thèse n°13 : au-delà de savoir si Mélenchon est antisémite, il est clair que certains de ses discours peuvent nourrir un imaginaire antisémite, une interprétation antisémite du monde, et c'est une faute morale et politique grave [1h12min50sec]

Une discussion sur l'articulation entre populisme et antisémitisme [1h13min46sec]

Une conclusion sur l'articulation entre lutte contre l'antisémitisme et lutte contre le colonialisme israélien [1h20min45sec]

Des liens et des infos complémentaires sur la page de Sortir du capitalisme

Regarde... Single Track - 1985

Kronchtadt Tapes 1982/1988 St Étienne

Les petits fafs de nos campagnes
N'ont rien des skins de Grande Bretagne
Pourtant ils existent eux aussi
Autours de toi dans ton pays
Les CRS et les milices
Sont pleins des mêmes gens qui sévissent
Sous prétexte d'ordre et de paix
Dans les pays du monde entier

Regarde autours de toi

Qui ose parler de famine
Dans ces pays qu'on extermine
Ne sont-ce pas nos bons français
Nourris par accords financier
Qui vendent tant d'armes à l'étranger
Quel but au Tchad à notre armée
Qui fait toujours ses 12 mois
Qui veut déserter toi et moi

Regarde autours de toi

Qui met son beur dans les clapiers
Qui investi dans les drogués
Qui jouit de l'insécurité
Qui prend en charge un ouvrier
Regarde un peu dans quoi tu marches
Derrière une image on te cache
C'que tu ne peux imaginer
C'que tu ne peux voir dans ta journée

A 12 mois prêt... méchamment d'actualité 30 ans plus tard...
Produit par Kronchtadt Tapes, label stéphanois de 1982 à 1988

- Kronchtadt Tapes - Les publications
- Kronchtadt Tapes - NYARk nyarK - Punk et Rock alternatif Français 76/89

Et pour le plaisir...

❌