Mondial | A.Fofana (USA) : « Avec les États-Unis on veut rivaliser, mais il manque la structure pour le faire »
Aboubakar Fofana, joueur franco-américain, revient sur un championnat du monde réussi avec les États-Unis, malgré une défaite en T.A.B face à la Pologne lors de la finale de la Coupe du Président. Le joueur de Valence en Proligue évoque l’impact des compétitions internationales pour son pays et l’enjeu des JO 2028.
HandNews : En quoi la participation aux championnats du monde peut-elle être un levier pour le développement du handball aux États-Unis ?
Aboubakar Fofana : Ce Mondial représente avant tout une opportunité pour donner de la visibilité au handball aux États-Unis, où ce sport reste encore largement méconnu. Une compétition de cette envergure permet de démontrer aux jeunes joueurs et aux institutions sportives américaines qu’une véritable scène internationale existe. Elle sert également à attirer des investisseurs et des sponsors, des éléments cruciaux pour structurer la discipline. Les résultats obtenus montrent qu’affronter les grandes équipes européennes, pour les « petites nations » du handball, est un excellent moyen d’apprentissage.
HN : Quel rôle joue la Coupe du Président dans cette progression ?
Aboubakar Fofana : La Coupe du Président est un objectif très important pour nous. Ce tournoi réunit les équipes n’ayant pas atteint le tour principal et permet de cumuler de l’expérience internationale, tout en progressant face à des équipes de niveau similaire. Chacune de nos victoires renforcent la crédibilité du projet et peut attirer davantage de ressources financières et humaines. Nous prouvons que nous pouvons rivaliser avec certaines équipes, même si nous perdons, nous n’avons pas à rougir de nos performances comme face au Brésil,.
HN : À titre personnel, comment vois-tu ce genre de compétition ?
Aboubakar Fofana : Que ce soit dans la préparation ou dans d’autres aspects, cela ne change pas fondamentalement. En réalité, ce qui change, c’est le contexte. Un match de championnat du monde, qu’il s’agisse de D2 ou de D1 en France, n’a rien à voir avec l’organisation d’une telle compétition. C’est toute l’atmosphère autour de l’événement qui génère une effervescence, décuplant la motivation. C’est vraiment à ce niveau que je ressens la différence.
Tout cet environnement pousse à se dépasser. Mais une fois sur le terrain, une fois le match lancé et l’ambiance installée, tu oublies tout : le public, l’enjeu, tout. Que ce soit devant 100, 200, 500 ou 11 000 spectateurs, tu oublies tout.
HN : En quoi la création d’une ligue professionnelle aux États-Unis pourrait-elle accélérer le développement du handball ?
Aboubakar Fofana : Ce n’était pas la première fois qu’il y avait des rumeurs sur la création d’une ligue professionnelle, mais c’est la première fois que c’est aussi concret. Je pense qu’on est sur une très bonne voie pour que cela se concrétise, et cela ne peut qu’être bénéfique pour le handball américain. Côté masculin, on commence à obtenir de meilleurs résultats, et les jeunes, en moins de 19 et moins de 21 ans, se qualifient régulièrement pour les compétitions internationales.
En revanche, du côté féminin, la situation reste encore fragile. Cela s’explique par le fait que la branche masculine bénéficie de nombreux Américains expatriés. Les États-Unis n’accueillent pas de joueurs étrangers dans leur équipe nationale. Même si certains ont des origines différentes ou n’ont pas appris le handball aux États-Unis, ils sont tous américains. Chez les hommes, une grande partie des joueurs est expatriée, ce qui est rare pour des nations émergentes, nous sommes presque tous professionnels. Cela a permis d’accélérer le programme masculin. Mais pour que ce programme soit durable à long terme, il faut aller au-delà des expatriés.
Il faut une ligue professionnelle aux États-Unis pour que les jeunes joueurs aient une option autre que le basket, le foot américain ou le baseball. Si une ligue solide se lance, cela pourrait se répercuter à l’université et dans les écoles. Un jeune américain qui fait du basket ou du football américain, et si cela ne marche pas pour lui dans ces sports, il pourrait se tourner vers le handball.
HN : Les JO de Los Angeles 2028 peuvent-ils accélérer ce développement ?
Aboubakar Fofana : Oui, clairement. Accueillir les Jeux Olympiques à domicile est une occasion unique pour le handball américain. Si l’équipe nationale réalise un bon parcours, même sans viser la médaille, cela pourrait provoquer un véritable engouement et inciter davantage de jeunes à s’intéresser à ce sport. C’est une occasion à ne pas manquer pour poser les bases d’un développement durable car avec les États-Unis on veut rivaliser, mais il manque la structure pour le faire.
HN : Ton prono pour la suite de la compétition ?
Aboubakar Fofana : Je vois la France l’emporter ce soir. Quant au reste du tournoi, je pense que le Danemark va tout rafler. Ils ont commencé très fort et, au fur et à mesure, ils montent en puissance. La France pourrait être un concurrent sérieux, mais je pense que le Danemark est vraiment au-dessus.
Et, je vois la Croatie prendre la troisième place, même si les Portugais ont un bel effectif, je pense qu’ils sont déjà très heureux d’être arrivés là et pourraient manquer de motivation pour aller plus loin.
À Zagreb, A.F